Mes recherches
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L’ouche de Solange GADOIN
Nous célébrons les deux cents ans de la naissance de Solange GADOIN, ancêtre de mon mari, née le jeudi 16 septembre 1824 au hameau de Ruelle situé à Aubinges dans le Cher. Son père François était alors manœuvre, il sera également vigneron. Sa mère Suzanne décède prématurément le 28 décembre 1842, alors que Solange n’était âgée que de 18 ans.
L’union avec Jean Blin
Le dimanche 13 février 1848, Solange épouse Jean Blin à Aubinges. Il ne dut pas y avoir de grande tablée pour fêter cette union : Jean n’ayant plus que sa mère, son père et tous ses frères et sœurs étant décédés ; Solange de son côté était accompagnée de son père, sa sœur Jeanne et son beau-frère Silvain MILLET. Elle ne connu jamais sa sœur aînée Françoise qui décéda peu après son première anniversaire.
La branche de Jean BLIN était originaire d’Aubinges, Morogues et Humbligny ; celle de Solange est plus recentré sur Aubinges, avec une petite incursion à Montigny. Tous ces villages sont du même secteur.
Le couple s’installera ensuite chez la mère de Jean. Pour en savoir plus sur leur vie, je vous invite à relire l’article rédigé sur Jean BLIN à l’occasion de l’anniversaire de sa naissance en 1822.
Acquisition de l’ouche
Nous retrouvons Solange accompagnée de Jean le 10 mai 1853, cinq ans après leur union. Leur couple a accueilli un fils, Silvain, neuf mois après le mariage ; ils ont ensuite malheureusement perdu leur second fils en février 1853.
Notre couple se rend en l’étude de Maître Robert Pierre BRISSET aux Aix d’Angillon ; c’est ce notaire qui avait établi leur contrat de mariage. Cette rencontre est l’aboutissement d’une tractation menée avec les époux LAUGERAT, charcutiers au hameau de Ruelle.L’acte vient sceller l’échange de deux parcelles. Solange apporte une terre reçue en héritage, située aux Ramines, commune des Aix d’Angillon. En contrepartie elle acquiert une ouche située à Ruelle appartenant à Catherine GAUTHIER, femme LAUGERAT. Bien que l’ouche soit moitié plus petite, sa valeur est près de deux fois plus élevée, Solange doit donc payer la différence de valeur entre les deux terres. Comme souvent, l’acte mentionne les jouxtes, ce qui rend difficile la localisation exacte sur une carte.
On attendra la récolte de la parcelle des Aix pour acter l’entrée en jouissance dans les lieux. Les époux LAUGERAT ont ajouté une condition supplémentaire : ils couperont les arbres présents dans l’ouche et viendront chercher le bois au plus tard le 25 décembre ; les fruits leur appartiendront jusqu’à ce que les arbres soient coupés.
La prise de possession de cette ouche sera vraisemblablement conjointe à un déménagement, ou plutôt un retour aux sources pour Solange : la famille quitte en effet le village de Morogues pour venir s’installer à Ruelle, avant mars 1854 car leur fils Joseph naîtra à Aubinges. Je les imagine alors cultiver la nouvelle ouche située à proximité. Solange restera toute sa vie dans ce village avant de décéder le 6 juin 1890 à l’âge de 65 ans.
Une ouche est une terre cultivée en potager et / ou plantée d’arbres fruitiers. La parcelle (souvent de bonne terre) était close et proche des habitations. Tous les ans début mai se tient d’ailleurs la fête des ouches au village voisin de Morogues, à destination des jardiniers passionnés.
Un étrange lien dans l’héritage de l’ouche
Un détail intrigant dans cet échange réside dans l’origine de l’ouche. Catherine GAUTHIER, l’ancienne propriétaire, la tenait de l’héritage de Solange CLOUSSON qui fut également l’ancêtre de mon mari, mais dans une autre branche. Je n’ai pas trouvé de lien familial entre ces deux dernières ; il va me falloir poursuivre mes recherches pour trouver cet héritage, dont j’ai maintenant la référence grâce à cet échange !
Sources : Etat-civil, Archives du cher : Aubinges - 1823-1832, 3E 1150 ; 1843-1852, 3E 2497 ; 1888-1902, 3E5380 Archives notariales, archives du Cher : minutes de Me Robert Pierre BRISSET, étude des Aix d'Angillon, 1er semestre 1853 E/22440.
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Antoine GIRAUD, inventeur au XIXe siècle
Qui n’a jamais cherché son nom et son prénom dans un moteur de recherche pour découvrir ce que l’on peut y trouver ? S’il est impossible pour moi de trouver un homonyme dans les archives, mon mari en a pléthore, à toutes les époques, pour le meilleur … et pour le pire !
Trois brevets déposés
J’ai effectué une recherche sur le nouveau portail des archives historiques de l’INPI récemment mis en ligne. Il est possible d’y faire des recherches sur les brevets et les marques jusqu’au début du XXème siècle environ. J’y ai ainsi découvert qu’un certain Antoine GIRAUD déposa trois brevets à Lyon dans les années 1870.
Le premier brevet concerne une machine graveuse et sculpteuse destinée à la fabrication de planches d’impressions. Ces dernières peuvent être utilisées sur étoffes, papiers peints… Voici le lien vers la notice. Mes connaissances en mécanique ne sont pas suffisantes pour mettre en avant le caractère innovant de la création. Je ne peux qu’admirer la précision du dessin sur le papier calque. Je me souviens avoir testé le dessin industriel en cours de technologie au collège, et j’étais bien loin de ce résultat !
Le second concerne un robinet, et le troisième une machine à teindre, dont le brevet est déposé avec un certain Jules RUCHON fils, teinturier au 48 quai PierreScize. Comme précédemment, le contenu des notices est assez technique, il semblerait que cette machine soit simple à transporter et dédiée à la soie. Lien vers la notice.
Qui était cet Antoine GIRAUD ?
Dans les dépôts de brevet il n’y a malheureusement que peu d’informations : le nom du dépositaire, sa profession et son adresse. Notre inventeur fut donc mécanicien et teinturier, et son adresse lors des différents dépôts fut rue des quatre-chapeaux puis quai Pierre-Scize, à Lyon.
J’ai ensuite interrogé Filae où sont indexés certains recensements du département du Rhône. Je découvre que pas moins de quatorze Antoine GIRAUD dont les dates de naissance correspondent vécurent à Lyon. En faisait un tri sur les professions et les localisations, il ne m’en reste plus que quatre : un imprimeur sur papier, un teinturier et un mécanicien. Le quatrième est serrurier, un métier plus éloigné, mais en 1906 il vivait quai Pierre-Scize. Difficile avec ces maigres informations de désigner avec certitude lequel fut celui qui déposa les brevets, et impossible donc de faire la moindre recherche généalogique !
Cet article est le premier rédigé pour le Généathème de mai 2024 autour des doubles généalogiques. Celui-ci était le meilleur découvert pour mon mari, il vous reste à attendre le pire !
Et vous, avez-vous trouvé un inventeur dans votre arbre ?
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Mariage de cousins germains (et plus…)
De nouveau des découvertes (en deux temps) au détour des archives.
Les parents de Marguerite étaient… cousins germain
Les surprises se situent dans la lignée de Valérie GODON, née de père inconnu. Mais cette fois c’est sa grand mère, Marguerite NEHOU qui m’intéresse. Celle-ci s’est mariée avec Pierre GODON le 13 juin 1809, à Subligny (18). Il est précisé que Marguerite NEHOU est veuve de Marc LEBEAU. Je cherche donc cet acte, jusque là rien de plus normal.
Je découvre l’acte de mariage en date du 28 pluviose an III (16 février 1795). Marc LEBEAU est fils de François LEBEAU et Marie NEHOU. Marguerite NEHOU, âgée de 14 ans, est fille de Jean NEHOU et Marguerite LEBEAU.
Je trouve étrange ce « croisement » des noms de familles ! En remontant d’une génération, je découvre qu’en fait les époux sont cousins germains : leurs parents François et Marguerite LEBEAU sont les enfants de François LEBEAU et Marie TURPIN ; Marie et Jean, Pierre NEHOU sont les enfants de Silvain NEHOU et Marie JULIEN.
Autre fait pour le moins étonnant, les deux couples se sont mariés … le même jour ! Le 19 novembre 1771 à Subligny. On avait dû faire au mieux pour éviter les dépenses de la célébration, et accessoirement garder le patrimoine en famille !
L’occasion également de découvrir qu’il est bien difficile de réaliser un arbre affichant de tels liens avec la plupart des logiciels de généalogie.
Un second mariage avec le frère de son beau-frère
Les découvertes ne s’arrêtent pas là. Le mariage de Marguerite avec Marc LEBEAU eu lieu en même que celui de Françoise LEBEAU, soeur de Marc, avec un certain Germain GODON.
Le mariage de Marguerite et Marc ne dura que dix ans, de cette union ne naîtra aucun enfant. Pour son second mariage, le choix s’est porté sur Pierre GODON… le frère de Germain !
Les familles restèrent très proches, puisque l’on retrouve encore des LEBEAU par la suite : déclaration du décès de Marguerite, mariages avec ses enfants. J’avais d’ailleurs écrit un article pour les deux cents ans du décès de Marguerite.
Cet article initialement publié le 24 décembre 2012 a été mis à jour le 11 février 2024
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Les archives de l’asile de Bourges
Lors de ma visite aux archives départementales du Cher en octobre 2022, j’ai pour la première fois effectué des recherches dans les archives hospitalières, qui comprennent les archives des asiles.
A Bourges, les « aliénés » furent tout d’abord placés à l’hospice de St Fulgent, dans un bâtiment aujourd’hui réaffecté. En 1865 il fut décidé de construire un nouvel asile, car comme le précise un docteur, « les aliénés ont besoin de d’air et de pouvoir travailler ». Le site de Beauregard est choisi ; la construction débute en 1874 et les derniers pavillons sont édifiés en 1895.
Mais revenons à l’asile de St Fulgent pour mes recherches.
Les listes nominatives semestrielles – l’exemple de Jacques BEAUNEZ
Ces recherches dans les fonds de l’asile de Bourges, avaient avant tout pour but de chercher le dossier de Jacques BEAUNEZ, le frère de mon aïeule Rosalie BEAUNEZ, dont je savais qu’il avait été interné à l’asile St Fulgent (mention d’une facture dans un inventaire après décès) et qu’il y était décédé.
Malheureusement les dossiers individuels concernant la période où il s’y trouvait n’ont pas été conservés. J’ai par contre pu consulter les listes semestrielles, envoyées deux fois par an au préfet et qui donnaient quelques informations concernant les aliénés :
- Le nom et le prénom de l’aliéné
- Son numéro de matricule
- Son âge
- Son domicile
- Son placement : qui a donné l’ordre, à quelle date et quelle est la date d’entrée
- Des observations : ici des informations sur la dangerosité par exemple
- L’état mental : sorte de diagnostic très succinct
J’ai ainsi appris que Jacques BEAUNEZ a été interné à la demande du préfet en mars 1872 (malheureusement selon les listes les dates peuvent différer de quelques jours). Il souffrait de manie chronique, et selon le semestres était ou non dangereux. Ces informations sont moins fournies que celles des dossiers, mais elles m’ont permis d’en savoir plus sur ce dont il devait souffrir.
Les dossiers individuels – l’exemple de Jacques TOULLERON
Bien que n’ayant pas trouvé de dossier de Jacques BEAUNEZ, j’ai feuilleté quelques dossiers pour voir ce qu’ils pouvaient contenir, et j’en ai choisi un au hasard pour vous le présenter.
Le premier élément du dossier est le procès verbal d’arrestation dressé par la gendarmerie. « Arrestation de Mr TOULLERON Jacques, journalier atteint d’aliénation mentale en vertu d’un réquisitoire de Mr le maire de la commune de Nançay, pour le conduire au dépôt à Bourges. » Y sont détaillées les raisons de l’arrestation : une intrusion lors du Conseil Municipal et précédemment une altercation chez le curé du village, alors qu’il était armé d’une faux.
Vient ensuite un bulletin de renseignements fourni par le maire de Nançay. Quelques éléments intéressants pour un généalogiste, notamment sur son épouse et ses trois enfants âgés de 3 à 16 ans. On y apprend également que ses parents sont décédés, et que lui-même il est indigent. Quelle triste vie a dû vivre cette famille…
Vient ensuite le placement, décidé dans un arrêté du 27 mai, le lendemain de l’arrestation. On y apprend notamment que Jacques TOULLERON y sera placé aux frais de la commune. Le 28 mai, le médecin de l’hospice l’examine ; il diagnostique une manie chronique motivant un séjour à l’asile.
Deux courriers du maire de la commune de Nançay (l’un avant, et l’autre après son placement) justifient la demande qu’il a faite. Plusieurs villageois auraient été menacés de « périr par ses mains ». Même si jusqu’à ce jour il n’a fait de mal à personne, il vagabonde dans la commune avec un « instrument » en main. Voici la transcription du second et dernier courrier envoyé par le maire :
Par une note que vous avez écrite sur une lettre que j’ai eu l’honneur de vous adresser en date du 9 mars dernier, vous m’avez autorisé à prendre les mesures nécessaires pour prévenir tout accident dans le cas où la folie de Toulleron Jacques habitant de ma commune prendrait un caractère dangereux. J’ai cru ce moment arrivé, et j’ai requis M le Brigadier de Gendarmerie de Neuvy de l’arrêter et de le faire transporter au dépôt de Bourges ; voici ce qui m’a décidé à prendre ce parti :
Toulleron est doté d’une force remarquable et se refuse à toute espèce de travail, il parcourt les campagnes et se fait nourrir par les habitants du voisinage. Je suis porté à croire qu’il exploite un peu l’intérêt qu’il peut attacher à sa position, il n’est pas avéré pour moi qu’il soit tout à fait aussi insensé qu’il le paraît. Hier pendant la séance du Conseil de l’Hospice, qui a eu lieu à la suite de la séance du Conseil Municipal Toulleron s’est introduit dans la salle des délibérations et pour me débarrasser de ses importunités, j’ai été obligé de lire une lettre qu’il m’avait déjà souvent présentée. Je la lui ai rendue en lui disant que cette lettre de disait rien de nouveau sur l’affaire […]. Il est resté un instant derrière ma chaise puis allongeant le bras il s’est emparé des comptes de l’Hospice que le conseil était à même d’examiner, en disant que ces papiers lui appartenaient et que c’était son contrat de mariage. J’ai eu beaucoup de peine à lui reprendre ces papiers, et ce n’est que difficilement que nous l’avons expulsé de la salle des délibérations, malgré sa résistance.
J’ai pense que, à quelque point de vue que l’on se place, il était nécessaire de le faire arrêter et conduire à Bourges : s’il est réellement aliéné pour lui faire subir un traitement, et s’il ne l’est pas pour lui faire subir au moins quelques jours de présence.
De ce que j’ai pu voir, les dossiers individuels se terminent toujours de deux manières : soit un certificat de décès lorsque l’aliéné est décédé à l’asile, soit un certificat médical lorsque le médecin estimait qu’il pouvait rentrer chez lui.
Assez mystérieusement le dossier de Jacques TOULLERON contient les deux… Le 8 juin 1857, soit 10 jours seulement après son placement, le médecin rédige un certificat médical dans lequel il estime que Jacques est plus calme et est à présent en état de sortir de l’asile. Mais le même jour est dressé un bulletin de décès qui précise que Jacques TOULLERON s’est suicidé par strangulation… Étrange alors qu’il allait rentrer chez lui ?
Pour le département du Cher, les archives des asiles sont conservées en Série X : Assitance et prévoyance sociale / 1X – Administration hospitalière. J’ai également découvert en rédigeant cet article qu’un bénévole a pris en photo des dossiers individuels qui ont été mis en ligne sur Geneanet ! Le dossier de Jacques TOULLERON y est accessible et a été indexé.
Dossiers de placement de l'hospice de St Fulgent - 1853-1858 - 1X/384 - Archives du Cher. Listes semestrielles de l'hospice de St Fulgent - 1866-1875 - 1X/368 et 1876-1881 - 1X/369 - Archives du Cher. Département du Cher
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L’histoire d’amour entre Ernest BERTHET et Valentine THEPIN a mal fini
Pierre Ernest BERTHET nait le 28 mars 1866 à Vignoux-sous-les-Aix (18). C’est le petit frère de Théophile l’arrière-arrière-grand-père de mon mari.
Il connaîtra peu son père qui décède alors qu’il n’est âgé que de quatre ans. La famille déménage pour rejoindre leur grand-père Jean-Baptiste BEDU, l’ancien maire de Morogues à qui j’avais déjà consacré un article, tout juste veuf.
De sa jeunesse je ne sais pas grand chose, car il manque une année de recensement sur la commune de Morogues. Sur sa fiche matricule on apprend qu’avant ses vingt ans il est ouvrier boulanger et qu’il travaille aux Aix d’Angillon. Je sais aussi que vers l’âge de 17 ans il commence à fréquenter Valentine THEPIN, la fille unique du charpentier du bourg, Charles THEPIN.
C’est au printemps 1887 que Valentine, âgée de 18 ans, doit se rendre compte qu’elle est enceinte ; elle en fait sans doute part à Ernest qui lui avait déjà parlé de mariage il y a peu de temps. La grossesse se déroulait-elle mal ou bien était-elle trop honteuse ? Au cours du mois de mai Ernest se rend chez plusieurs pharmaciens pour se procurer de quoi provoquer un avortement. C’est finalement un horloger qui, sans trop réfléchir, lui fournit de l’acide oxalique ; un produit détachant et qui élimine la rouille… Ernest fait donc boire à Valentine « un liquide inconnu », puis une poudre dans un verre de vin blanc. Pour ne pas être découverte par ses parents, elle se rend chez une voisine « la femme POISSON » pour boire la mixture. Cette dernière lui aura aussi de son propre chef administré une tasse d’eau de savon.
La grossesse se poursuit mais Valentine est de plus en plus malade, en proie à des vomissements répétés et des diarrhées. Sa mère s’inquiète et Valentine lui avoue enfin être enceinte d’Ernest, avec qui elle entretient des relations depuis quatre ans.
Le 11 octobre 1887, Valentine accouche finalement d’un petit Désiré Isidore Abel, né de père inconnu. C’est son oncle Lucien ALFROY, journalier à Morogues qui déclare la naissance. Douze jours plus tard le petit Désiré décède. Et hélas l’état de Valentine ne s’arrange guère.
Le 5 novembre Ernest part à Nevers pour y faire son service militaire. Neuf jours plus tard Valentine décède. Le lendemain, son père dont on imagine la douleur d’avoir perdu sa fille unique, apprend par l’époux POISSON la triste histoire et dépose immédiatement plainte à la gendarmerie. Une autopsie est réalisée par le docteur LONGUET, qui découvre que le foie de Lucie est atrophié, les lésions ressemblant à l’atrophie jaune, que l’on rencontre plus souvent dans les pays chauds, mais qui pourrait être liée à l’ingestion d’acide oxalique.
Le 20 novembre Ernest est arrêté puis jugé le 1er février 1888. Ses antécédents ne jouent pas en sa faveur : il semblait avoir une grande influence sur Valentine, lui aurait soutiré de l’argent, promis de l’épouser et menacé de la quitter si elle ne prenait pas les drogues pour l’avortement. Il n’est pas condamné de suite. Il passe une nouvelle fois devant le juge, et un médecin légiste parisien vient donner une contre expertise. Il semblerait qu’une bonne partie de la séance ait été prise par la discussion entre les médecins. Mais Ernest est finalement condamné à 18 mois de prison fin mars 1888 « pour avoir occasionné à autrui une maladie en lui administrant volontairement une substance nuisible à sa santé.
Les déboires judiciaires entre la famille BERTHET et THEPIN connaîtront une suite malheureuse, relatée par les journaux. Le 1er janvier 1893 le père de Valentine a sans doute un peu bu et confondant sans doute Ernest avec une autre autre personne, il vient à sa rencontre. Le journal précise que Charles vient trouver Ernest « avec lequel il est très mal », ce que l’on imagine sans peine. Ernest est surpris et répond un peu brusquement, Charles THEPIN s’emballe. Le frère d’Ernest, Théophille, arrive à ce moment et pense que son frère est menacé, il empoigne Charles THEPIN et le fait tomber à terre. Il sera condamné à 50 francs d’amende.
Le 28 octobre 1896, Ernest sera réhabilité par la cour d’appel de Bourges de cette condamnation.
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Le 4 février 1823 Étienne LOISEAU épousa Thérèse CHAILLOUX
Le 29 fructidor de l’an huit de la république nait Etienne LOISEAU au hameau des Buissons en la commune de Santranges (18), à quelques centaines de mètres du département voisin du Loiret. Son père y est manœuvre.
On ne peut qu’imaginer les tractations qui ont précédé son futur mariage. Lui, accompagné de sa mère et peut-être de son frère aîné Silvain, et du côté de sa promise Thérèse, son tuteur François ANDRE, qui deviendra son beau-frère. Si Étienne est orphelin de père depuis neuf mois, Thérèse a perdu sa mère sept ans auparavant et son père depuis seize ans. Ces derniers vivaient à Sury-ès-Bois, sa commune de naissance, où ils étaient cultivateurs.
Le mariage fut célébré le 4 février 1823 à Santranges. Etienne était alors manoeuvre, âgé de vingt-trois ans ; Thérèse était âgée de 21 ans et était domestique.
François ANDRE semble avoir eu une place importante dans la vie de Thérèse et sa fratrie. En effet il fut son tuteur, mais aussi témoin du décès de son père. Il vécut aux Pasquiers à Cernoy-en-Berry (45) où il fut sabotier puis laboureur. Son fils, également prénommé François, fut parrain du dernier enfant d’Étienne et Thérèse. Il ne vécut que trente-huit ans.
Du mariage d’Étienne et Thérèse j’ai trouvé cinq enfants, dont deux seulement atteignirent l’âge adulte : Jean Étienne l’aïeul de mon mari, qui vécut entre Santranges et Dampierre-en-Crot, et Thérèse.
Thérèse CHAILLOUX (mère) vivra 72 ans et décèdera au hameau des Buissons, à Santranges. Son époux quittera ce monde deux ans plus tard, à Barlieu.
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Jean Thomas LAUGERAT, élève de l’hospice de Bourges
Une fois n’est pas coutume, nous allons nous intéresser aujourd’hui à l’arbre de mon mari, et plus particulièrement à Jean Thomas LAUGERAT son sosa 48. Nous remontons ici la branche de son grand-père maternel, une lignée de maçons. Lignée qui s’arrête (ou plutôt qui débute) avec cet ancêtre…
Le vingt et un décembre 1822, à onze heures du soir en la commune d’Henrichemont (18), Marie LAUGERAT jeune domestique de vingt deux ans met au monde Jean Thomas. Elle vit alors chez ses parents et est assistée d’une jeune sage femme, Louise MOREAU. Comme précisé sur l’acte de naissance, le père de Jean Thomas n’est pas connu.
Six ans plus tard, Marie LAUGERAT épouse Silvain CHERRIER un tisserand d’Henrichemont. Jean BORNAJON, qui était l’un des témoins de la naissance de son fils est également témoin du mariage. Jean LAUGERAT ira ensuite vivre avec sa mère et son beau-père jusqu’à ses quatorze ans au moins.
Cinq ans passent…
Jean LAUGERAT n’est plus présent avec sa mère dans les recensements. Pour ses vingt ans, il participe comme tous les jeunes hommes de sa classe au tirage au sort pour le service militaire. Il est enregistré au bureau de Bourges… et pour cause : il est élève de l’hospice de Bourges. Il sera exempté à cause de sa taille.
Nous retrouvons ensuite Jean LAUGERAT le vingt sept octobre 1844 à Henrichemont pour son mariage. Sa mère est présente et consent à l’union ; elle est alors pâtissière. L’un des témoins n’est autre que Sylvain CHERRIER son beau-père, lui aussi pâtisier.
Il épouse Marie Joséphine GRANGER, fille d’une famille de tanneurs à Boisbelle, en cette même commune d’Henrichemont. Il ira d’ailleurs s’installer à Boisbelle, à proximité de ses beau-parents, où il exercera le métier de maçon, déjà mentionné lors de son mariage.
Le mariage se fit avec le consentement d’un tuteur « des enfants trouvés et abandonnés » et revêtu du sceau de la commission administrative des hospices de Bourges et signé Mayel-Genetry.
Que s’est-il donc passé durant son placement à l’hospice ? Marie LAUGERAT était-elle trop pauvre pour élever son enfant ? Jean a-t-il appris le métier de maçon avec son tuteur ? Avait-il des contacts avec sa famille ? Autant de questions qui n’auront sans doute jamais de réponse, car les archives des enfants placés conservées aux archives du Cher ne remontent pas jusqu’à cette période.
Jean et sa femme auront au moins 10 enfants.
Marie LAUGERAT décède en 1873, mais Jean ne recevra aucune succession car sa mère avait tout légué à son époux.
Jean LAUGERAT et Marie GRANGER termineront leur vie dans un certain dénuement puisqu’ils sont tous deux notés indigents dans les les tables de succession et d’absence. Jean LAUGERAT recevra même une pension, alors que peu sont distribuées dans le département !
Article publié le 1er mars 2014 et mis à jour le 21 décembre 2022
Actes de naissance d'Henrichemont - 3E 1996 Actes de mariage d'Henrichemont - 3E 2274 Actes de mariage d'Henrichemont - 3E 2000 Recensement d'Henrichemont - 27J 0082 p28 Table des successions et des absences - Bureau d'Henrichemont lanvier 1904-décembre 1918 1Q 12107 Registres des déclarations de mutation après décès 25 septembre 1872-27 janvier 1874 1Q 5896 - Archives du Cher
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L’accident de Georges et les métiers de Marie
Georges MIDROUILLET nait le 28 juin 1883 au « Fond de Vailly » sur la commune d’Ivoy-le-Pré (Cher), de Pierre Henri MIDROUILLET et Justine MOINDROT, tous deux journaliers. Il est le petit dernier d’une fratrie de cinq enfants ; seize ans le séparent de Jean Baptiste Joseph MIDROUILLET, aîné de la famille et aïeul de mon mari.
L’accident de Georges
Tous les enfants ont travaillé dès leur plus jeune âge ; on les retrouve domestiques, journaliers, vachers, sur la commune d’Ivoy-le-Pré. Et la presse rapporte un terrible accident qui s’est produit en 1894.
Ainsi donc l’un des frères de Georges (je n’ai pas réussi à trouver lequel) travaillait comme garde moulin, et Georges déjà vacher à onze ans a joué avec les cordes dans le moulin et fut pris entre le mécanisme et l’arbre de transmission. Fort heureusement sa patronne l’entend crier et réussi à le dégager. On apprend que sa main gauche est complètement écrasée et que sa jambe gauche est contusionnée. Son état est très inquiétant…
J’ai ainsi cherché à en savoir plus. Vous serez soulagés d’apprendre que l’on retrouve Georges dans le recensement de 1906, à Ivoy-le-Pré où il est domestique chez un nommé LANNOUE. Étonnamment je n’ai pas réussi à trouver sa fiche matricule ; même s’il n’avait pas été apte au service j’aurai dû le voir dans le répertoire. Qu’il ait été handicapé ou non suite à sa mésaventure, il continua de travailler.
En 1920, il épouse Marie Augustine MERLIN (ou MARLIN) chemisière demeurant à Aubigny-sur-Nère. Un mariage « sur le tard », car lui-même est âgé de 36 ans et son épouse de 40 ans ; je ne leur ai d’ailleurs pas trouvé d’enfant. Ils vivent tout d’abord à Ivoy-le-Pré, plus précisément à « Plame-Souris », où Georges est cultivateur, avant de déménager à Aubigny-sur-Nère.
Les professions de Marie
Une fois n’est pas coutume, c’est sur les professions d’une femme que j’ai trouvé le plus d’informations ! En vivant dans une ville de taille plus importante et où étaient implantées des usines, les professions étaient plus variées.
En 1906, je retrouve Marie dans les recensements (merci FILAE). Elle vit à Aubigny-Village avec son frère, ses neveux et sa mère. Elle exerce alors la profession de chaîniste. Elle devait ainsi être ouvrière en bijouterie pour confectionner des chaînes en métal précieux.
Elle changera ensuite de profession. A Aubigny, les femmes sont soit journalières, chaînistes … ou chemisières !
De 1911 à 1920 elle vivra rue des Dames. Et en 1911 le recensement précise qu’elle est chemisière chez Beaumont. Je ne trouve que peu de traces de cette usine, sauf sur Retronews avec une mention dans le Monde Illustré du 26 avril 1916. On y apprend que la maison Beaumont expose au 118 rue Réaumur, à Paris, des pièces fabriquées dans les usines de Elbeuf et Aubigny, ces usines employant 3000 ouvriers.
Après un passage dans la campagne d’Ivoy-le-Pré, Marie revient à Aubigny pour reprendre sa profession de chemisière. Cette fois-ci elle travaille pour Seiligmann. De nouveau une compagnie basée à Paris, qui fait la promotion sur son papier à en-tête de deux usines… mais pas celle d’Aubigny. Ils s’y sont pourtant bien implantés, comme le confirment les articles de journaux qui relatent tour à tour les remises de médailles.. ou les accidents du travail.
Bien des informations dont je dispose n’auraient pu être découvertes sans l’océrisation, ce processus qui permet à un logiciel de reconnaître les caractères d’une image scannée. C’était le thème du Généathème de décembre 2022 !
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Naissance et vie de Jean BLIN
Il y a 200 ans vint au monde Jean BLIN, le sosa n°40 de mon mari (son arrière-arrière-arrière-arrière-grand-père). Jean est le fils de François BLIN, un laboureur, cultivateur, et Marguerite CHANTEREAU qui fut fileuse. Son frère aîné Pierre, âgé de 13 ans, est également présent dans le foyer situé au Pézard, un hameau du village de Morogues. Pierre est le seul survivant d’une fratrie qui avait compté trois autres enfants morts en bas âge.
Si Jean est né à une heure du soir, François ira déclarer la naissance le lendemain à onze heures.
La vie de Jean est rythmée par les naissances, et malheureusement les décès qui jalonnent sa jeunesse. En 1841 Jean est âgé de 18 ans, ce qui sera une année funeste. Le 9 février son frère aîné Pierre décède, puis un mois plus tard le 10 mars c’est le tour de son père François. Il est le dernier homme à la maison, ce lui vaudra une exemption de service militaire l’année suivante.
Nouveau saut dans le temps. Le 30 janvier 1848 Jean se rend avec sa mère chez le notaire des Aix d’Angillon. Depuis le hameau des Berthelets où ils vivent maintenant, cela représente une dizaine de kilomètres. Ils y retrouvent Solange GADOIN, sa fiancée, et son père venus de Ruelle. Ils sont venus coucher sur papier le contrat que les deux familles ont imaginées pour leur futur mariage. Les deux futurs époux apportent ainsi l’un et l’autre leurs droits dans la succession à venir de leurs parents décédés. Et l’on y prévoit également les premières années de leur vie de couple. Sont présents, du côté du marié son oncle François CHANTEREAU qui vit au hameau de Pezard, à Morogues. Du côté de Solange : son oncle Jean-François GADOIN tisserand à Aubinges, et son beau-frère François MILLET, vigneron à Aubinges.
Deux semaines plus tard nos protagonistes se retrouvent à dix-huit heures pour le mariage à Aubinges. Un autre oncle de Jean est présent, le frère de sa mère qui se prénomme Jean CHANTEREAU (même prénom, peut-être son parrain ?), qui est est journalier à Henrichemont. Les témoins de la mariée sont les mêmes que pour la signature du contrat de mariage.
Jean se sera sans doute senti un peu seul en ce jour. De ses huit frères et sœurs, il n’en reste plus aucun en vie. Ses deux petites sœurs étant décédées deux ans auparavant, en 1846.
Le contrat de mariage nous apprend que dès le soir de la cérémonie, les jeunes mariés sont partis vivre chez la mère de Jean. On a créé une « société » à l’occasion, dans laquelle chacun possèdera un tiers. Marguerite CHANTEREAU y apportera l’ensemble de ses biens, et les époux la dot prévue.
Dans la marge du contrat, il est indiqué que ladite société est dissoute en 1851. Marguerite n’avait pourtant nulle part ailleurs où aller, ses autres enfants étant tous décédés. Se pourrait-il que notre petit monde ne se soit pas entendu ?
Entre 1853 et 1854, Jean et Solange quittent Morogues pour rejoindre Ruelle, le plus grand hameau du village d’Aubinges. Que tout le monde se rassure ! Lors du recensement de 1856, on apprend que Marguerite CHANTEREAU vit toujours avec son fils et sa brue, elle est même la chef du foyer. Deux petits-enfants, Jean Baptiste et Joseph, vivent avec eux, ainsi qu’un enfant de 8 mois en nourrice, Silvain THEME.
Après une vie où il aura été vigneron, cultivateur et propriétaire, Jean terminera ses jours dans le foyer de son fils Jean Ernest (également ancêtre de mon mari), à l’âge de 84 ans, au hameau de Ruelle.
Jean était-il coquetier ?
J’avais noté dans mon logiciel que Jean avait occupé la profession de coquetier. Mais en reprenant l’intégralité des actes le concernant ainsi que ses enfants : aucune trace du métier. Je ne pense pas avoir rêvé… mais peut-être simplement confondu avec son fils. Dans l’un des recensements sa brue est en effet notée coquetière. Le coquetier était un marchand ambulant qui récupérait des produits frais comme les œufs, les volailles ou le beurre dans les fermes pour les vendre au marché.
Sources Etat-civil : Morogues, 1816-1822, 3E 1433. Aubinges, 1843-1852, 3E 2497 - 1903-1917, 3E 5846. Liste cantonale de tirage au sort : Arrondissement de Bourges, classe 1842, 2R 33. Contrat de mariage : Minutes de Me BRISSET, E/22431. Recensements : 1876, 6M 0084 - 1891, 6M 0099 - 1901, 6M 0130 - 1906, 6M 0158. Table des successions et absences des Aix d'Angillon : 1903-1925. 1Q 12208.
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Louis Célestin RAIMBAULT, cocher à Mérona
Cette recherche a débuté lorsque je commençais à m’intéresser de plus près aux collatéraux de mes ancêtres. C’est en étudiant l’acte de décès d’André RAIMBAULT, fils de mes aïeux André et Lucie COLLEAU et frère de Louis Augustin, que je suis tombée sur cette information : l’un des déclarants est Louis RAIMBAULT, son fils cocher à Mérona dans le Jura. Soit plus de 230 km à vol d’oiseau.
De là commence un jeu de piste qui me fera voyager presque dans toute la France…
Autour du mariage
Le 22 octobre 1886 à 11 heures du matin, Louis Célestin RAIMBAULT épouse Célestine Louise FRAPPEREAU à Ménetou-Râtel. Il est âgé de 25 ans et est cultivateur en cette commune. Elle a un an de moins que lui et est originaire du Maine-et-Loire où ses parents sont marchands. On apprend qu’elle est actuellement domestique à Paris, rue de Villars. Ce mariage est l’occasion pour Louis Célestin de reconnaître la naissance de Célestin Joseph. Notre Louis Célestin devait donc avoir vécu à Paris auparavant…
Six ans auparavant, le 5 novembre 1880 à 9h du matin, Célestine Louise accouche du petit Célestin Joseph François au 154 boulevard St Germain. C’est ici que vit la sage-femme qui déclarera la naissance. Célestine est alors lingère et habite au 81 boulevard Montparnasse. Neuf mois plus tard, elle reconnait la naissance de l’enfant et est alors domestique au 15 boulevard du temple. Un chapelier et un bijoutier sont témoins.
Après le mariage et la régularisation de leur situation, ils sont sans doute retournés à Paris. Deux ans plus tard un petit Abel nait. Célestine accouche chez ses beaux-parents alors que Louis Célestin est resté à Paris.
Le départ pour Mérona
Ils partent ensuite à Mérona, où naîtra Elisabeth leur dernier enfant. Les deux plus jeunes enfants iront vivre chez leurs grand-parents berrichons comme en attestent les recensements ; pas de trace de leur fils aîné en 1891… mais en 1896 ce dernier rejoint ses parents pour travailler comme valet de chambre à Mérona. C’est également à cette occasion que je découvre que Louis Célestin est passé de domestique à cocher.
Vu la position de notre couple dans les recensements, il est fort probable qu’ils travaillaient pour le châtelain.
Ils quitteront Mérona entre 1896 et 1900 : sur la fiche matricule de leur fils Célestin il est indiqué qu’ils vivent en 1900 à Orléans, puis sur celle d’Abel en 1908 ils sont de retour à Paris.
Je les retrouve enfin cités dans les actes de mariage de deux enfants : pour celui d’Abel en 1916 Louis Célestin est toujours cocher, et le couple vit au 43 rue Lecourbe. L’année suivante pour le mariage d’Elisabeth Louis Célestin est employé, toujours à la même adresse, Célestine vit au 116 rue de Grenelle avec sa fille.
J’ai quelques informations supplémentaires sur la vie de leurs enfants, mais ce sera pour une prochaine fois !