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    N… Neurasthénique

    Dans cet article, nous allons nous intéresser à quelques enfants de Rosalie.

    Louise « Célestine » PERROY, née en 1871, épouse François Jean Benoît JALLET en 1893. Elle est âgée de 22 ans, il est de 4 ans son aîné et domestique à l’époque. Ils auront deux enfants en 1894 et 1895. Puis Célestine décède en 1900 à l’âge de 29 ans.

    François Jean Benoît décide de se remarier après un peu plus d’un an de veuvage. Le 19 mai 1901 il épouse… sa belle-soeur Françoise Rosalie PERROY.

    Ils auront au moins quatre enfants ensemble. François Jean Benoît a dû partir en premier car Françoise Rosalie est veuve lors de son décès. Ce dernier a été rapporté le 19 juin 1919 dans les journaux.

    La dépêche du Berry – 19 juin 1919

    Fait étonnant, mon aïeul Louis LINARD, son demi-frère, s’est également suicidé par noyade en 1936. Y aurait-il une influence génétique ?

    Autre similarité entre frère et sœurs : après la décès de Julien Henri PERROY au tout début de la guerre de 1914, sa veuve s’est remariée avec son beau-frère Jacques Jules. Ils auront attendu la fin de la guerre et l’année 1920 pour ce faire…

    Actes de naissance et de mariage - Feux - AD18 : 1893-1902 ; 3E 5496 - 1903-1912 ; 3E 6269
    La dépêche du Berry - Retronews : 19 juin 1919
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    M… Mariages de Rosalie BEAUNEZ

    Le 20 février 1859, Rosalie rencontre son futur époux Louis LINARD chez Maître COURSIER ; c’est le deuxième contrat de mariage rédigé en un mois. Elle est toujours âgée de 17 ans, Louis en a 24.

    Si la dot de Rosalie n’est toujours pas estimée, la liquidation de la succession de sa mère n’étant pas faite, Louis apporte une dot bien plus conséquente que François BALUT : 200 francs d’argent comptant, 100 francs en meubles et objets mobiliers et surtout 1650,50 francs en obligations et quittances diverses. Soit au total 1956,50 francs.

    Vient également la description du préciput : 1. les habits et linge à son usage personnel, 2. un lit garni de tous ses accessoires, 3. une pièce de meubles au choix.

    Pour la signature de ce contrat, outre la mère du futur époux et le père de la future épouse, sont présents Jacques LINARD, oncle de Louis, son frère Jean, et du côté de Rosalie son beau-frère Antoine LEFAUX et son oncle François DUSSAULT (également son subrogé tuteur).

    Le mariage est célébré le 6 mars à 17h en la commune d’Herry. Comme je l’avais raconté précédemment, Louis a un certificat d’exemption du service militaire pour atrophie du bras droit. Les témoins du côté du marié sont son frère Jean LINARD, un ami Genefort DEBRET, et pour Rosalie son frère Cyprien BEAUNEZ et son oncle François DUSSAULT.

    Neuf mois tout pile après son mariage, Rosalie met au monde Louis, mon aïeul, puis Jean-Baptiste un peu moins de deux ans plus tard.

    Louis LINARD décède en 1864 à l’âge de 30 ans ; son inventaire après décès précise qu’il souffrait d’une longue maladie.

    Le 15 janvier 1865, Rosalie alors veuve et mère de deux garçons de 4 et 3 ans, se présente chez le successeur de Maître COURSER, maître DUMOULIN. Un nouveau mariage est prévu, cette fois-ci avec Louis PERROY. Il est âgé de 30 ans, elle en 24.

    Rosalie apporte une confortable dot : 2600 francs, ses meubles et les habits de son défunt époux pour 650 francs, soit un total de 3250 francs.

    Son futur mari apporte 1000 francs (plus que François, moins que Louis).

    De nouveau la description du préciput : 1. le meilleur lit de la maison avec quatre draps, 2. un meuble à son choix, 3. les habits, linges et hardes à son usage personnel.

    Le mariage est célébré le 23 janvier à 10 heures. Les témoins du côté de Rosalie sont son frère Cyprien, et son oncle Louis RABOIN. J’apprends à cette occasion qu’il est son parrain !

    Pour la première Rosalie signe. Elle est d’ailleurs la seule ce jour-là. Elle a dû s’entraîner (mais l’orthographe de son nom n’est pas tout à fait exacte). AD18 – 3E 4039

    De cette union, j’ai trouvé au moins dix enfants :

    • 1865 : François Moïse
    • 1867 : Théodule
    • 1869 : Jean Baptiste
    • 1871 : Louise Célestine
    • 1874 : Marie Louise
    • 1876 : Françoise Rosalie
    • 1878 : Marie Rosalie
    • 1879 : Louis Camille
    • 1882 : Julien Henri
    • 1886 : Jacques Jules

    Entre la naissance de Théodule et celle de Jean Baptiste, la famille déménage de Herry à Feux, une commune voisine. C’est dans cette commune que Rosalie finira sa vie. Elle décède le 20 juillet 1910 à l’âge de 68 ans, trois ans après son époux Louis PERROY.

    Minutes de Louis COURSIER - Étude d'Herry - AD18 : contrat de mariage 1859 - E/23765
    Publications de mariage - Château-sur-Allier - AD03 : 1833-1862 ; 2 Mi EC 56 4
    Actes de mariage - Herry - AD18 : 1853-1862, 3E 3705 ; 1863-1872, 3E 4039
    Minutes de Paul DUMOULIN - Étude d'Herry - AD18 : contrat de mariage janvier-avril 1865- E/23785
    Actes de naissance - Herry - AD18 : 1853-1862, 3E 3704 ; 1863-1872, 3E 4038 ; 
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    L… Le mariage fantôme de Rosalie BEAUNEZ

    Marie CANDRET, mère de Rosalie est décédée le 8 décembre 1858. Était-elle encore encore en vie lorsque la perspective d’un mariage commençait à être évoquée ?

    Le 25 janvier 1859, Rosalie (alors âgée de 17 ans) se rend avec son père chez Maître COURSIER pour rédiger le contrat de mariage. Son futur époux François BALUT, âgé de 27 ans, est présent. Il réside à Herry « de droit », mais de fait en la commune de Château-sur-Allier où il y est domestique, au hameau de Ponçu. Le père de François est décédé, mais sa mère Rose BONNARD est présente.

    François apporte comme dot la somme de 900 francs ; 50 francs viennent de la succession de son père, le reste étant « le fruit de ses gains et économies ».

    Du côté de Rosalie, elle apporte les droits immobiliers de la succession de la sa mère qui n’est pas encore chiffrée, car pas encore liquidée.

    Dans les autres éléments du contrat, le fameux préciput (ce qui reste à l’époux survivant après le décès du conjoint) : 1. les habits et linge à son usage personnel, 2. un lit garni de trois de ses accessoires, 3. une pièce de meuble au choix.

    Si la date du mariage n’est pas précisée, il est indiqué que la célébration aura lieu « incessamment » en la commune d’Herry.

    Les archives de l’Allier ont mis en ligne les publications de mariage en plus de l’état civil. J’ai pu ainsi retrouver la trace des publication de mariage à Château-sur-Allier les 30 janvier et 6 février 1859.

    Nous retrouvons Rosalie le 20 février, non pas pour le mariage, mais pour signer un contrat de mariage avec Louis LINARD mon aïeul… Que s’est-il passé durant ces deux semaines ???

    Je sais que la dot de mon aïeul était plus importante… Serait-ce la seule raison ?

    François BALUT épousera finalement Madeleine CHARLES à Herry le 25 septembre 1859. Il a alors quitté la commune de Château-sur-Allier pour s’établir à Herry. Pas de trace d’une reconnaissance d’enfant, ce qui aurait également pu expliquer le revirement de situation.

    Minutes de Louis COURSIER - Étude d'Herry - AD18 : contrat de mariage 1859 - E/23765
    Publications de mariage - Château-sur-Allier - AD03 : 1833-1862 ; 2 Mi EC 56 4
    Acte de mariage - Herry - AD18 : 1853-1862 ; 3E 3705
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    K… Kilomètres

    Revenons-en un petit moment à Jean BEAUNEZ. Nous avons parlé directement de son premier mariage… sans avoir parlé de son village d’origine.

    Jean BEAUNEZ est originaire de Préporché, commune du Morvan, où l’on trouve le hameau … des Beaunés ! Peut-être est-ce l’origine du patronyme ?

    Carte de Cassini – Le hameau des Beaunés, au nord du bourg de Préporché

    Préporché est distant de 75 km à vol d’oiseau de Herry, où Jean vivra par la suite.

    Mais j’ai découvert tout récemment qu’il ne fut pas le seul de la fratrie à émigrer dans le Berry. Sa sœur Jeanne BEAUNEZ, sept ans plus âgée que lui, s’est mariée à Mornay-Berry, une commune située à 20 kilomètres d’Herry. Chose étonnante, Jeanne se marie le 28 août 1832, à l’âge de 50 ans. Son époux Jean GAJAT est âgé de 65 ans. Si l’acte précise bien que l’époux est veuf, rien n’est dit pour la mariée.

    Accolé à l’acte de mariage se trouve le consentement de Jeanne MILLARY, mère de Jean et Jeanne BEAUNEZ, qui est veuve en 1832. Elle approuve le mariage, et charge un propriétaire de Ménetou-Couture (commune voisine de Mornay-Berry) d’être mandataire et « réciter » ce consentement. Il sera en effet l’un des témoins du mariage.

    Son frère Jean BEAUNEZ ne fait pas partie des témoins signataires.

    Ce mariage durera onze ans ; Jeanne décède le 20 mai 1844 à l’âge de 61 ans.

    Acte de mariage - Mornay-Berry - AD18 : 1820-1832 ; 3E 1804
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    J… Jusqu’à Chalon-sur-Saône

    Aujourd’hui je vous propose de poursuivre le récit de la vie d’Alice LINARD, après le terrible évènement relaté hier.

    Le 9 mai 1908, soit cinq mois après son acquittement, Alice épouse Emille TAILLANDIER, ajusteur. Le juge avait précisé en janvier qu’elle était fiancée à un cousin de Chalon-sur-Saône, il semble que les fiançailles aient été maintenues. En effet, Emile est un cousin du côté de la mère d’Alice, Pauline DUBOIS.

    Ils se marient à Chalon-sur-Saône à 17 heures. Aucun membre de leur famille n’est présent ; la mère du marié, veuve, et les parents de la mariée ont fait connaître leur consentement par écrit. Les témoins sont chauffeur, charpentier en bateau, ajusteurs… sans doute des collègues de travail du marié.

    Les signatures le jour du mariage ; à gauche, celles des mariés

    Émile habite au 23 rue de Lyon, ils ont vraisemblablement dû y habiter après le mariage. Ils déménagerons ensuite régulièrement. Leur premier fils Émile Auguste nait un an après leur mariage. En 1910 nait un second fils, André. Leur père Émile est absent pour une période d’exercices militaires dans le 4ème Régiment du Génie. Quelques semaines avant cette naissance, une inondation a touché Chalon-sur-Saône ; vivant proches des quais, peut-être l’ont-ils vécue ?

    Plan de la commune de Chalon sur Saône en 1904 – Archives de Chalon sur Saône – 1O 3/6 (1)

    Le 13 avril 1913, Émile déménage loin, mais de manière temporaire, à Martigues. Puis il revient aux Granges forestiers à Chalon-sur-Saône en janvier 1904. Il sera mobilisé le 1er août 1914 au 11ème Régiment de Génie, puis sera détaché en septembre 1915 aux usine Schneider et Compagnie à Chalon-sur-Saône. Il passe au 29ème Régiment d’Infanterie en juillet 1914, mais sera maintenu détaché.

    Alice et Emile déménagent ensuite plus loin. En mai 1921 ils vivent avenue Leclerc à Lyon, puis chemin des culattes prolongées en 1925 dans la même ville.

    Le dernier domicile renseigné sur la fiche matricule d’Emile est le hameau de Récy, commune de Vinon, lieu d’origine d’Alice ! Ils sont retournés dans le berceau familial, où après une vie d’ajusteur dans des usines Emile deviendra cultivateur. Au recensement de 1931 ils y vivent avec leur dernier fils, qui les aide sur la ferme.

    Acte de mariage - Archives de Châlon-sur-Saone : 1908, 3E 115
    Fiche Matricule d'Emille TAILLANDIER - AD18 - 2R0613 - Numéro de matricule 128 - Classe 1900
    Actes de naissance - Archives de Châlon-sur-Saone : 1909, 2E 116 ; 1910, 2E 117
    Recensement - Vinon - AD18 : 1931, 6M 0307
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    I… Infanticide

    Aujourd’hui nous quittons la vie de Jean pour faire une peu de généalogie descendante. Nous reparlerons plus tard en détail de la vie de Rosalie BEAUNEZ, mon aïeule qui eu deux fils de son premier mariage avec Louis LINARD : Louis, mon ancêtre, et Jean-Baptiste. Alice (de son état civil Marie Alice) est la fille aînée de son mariage avec Pauline DUBOIS.

    Alice nait en 1887, mais l’affaire dont il s’agit s’est déroulée en 1907 et fut relatée dans les journaux de l’époque.

    Alice travaille alors comme domestique pour Mr et Mme AURAT, qui habitent place de la Halle à Sancerre. Lui est banquier.

    Le 1er octobre 1907, après avoir discuté avec des voisins ayant vu le ventre d’Alice s’arrondir, Mme AURAT se décide à lui parler et la presse de quitter son poste dès le lendemain.

    Alice proteste et lui promet de rapporter un certificat du médecin. Elle se rend alors le 2 octobre chez le le docteur MALFUSON, qui lui apprend qu’elle sera mère sous quinze jours. Ne pouvant donc présenter de certificat, Alice indique à sa maîtresse qu’elle partira sous peu.

    Le matin du 4 octobre, c’est une Alice très pâle qui descend vaquer à ses occupations. Une voisine lui en fait la remarque, Alice répond qu’elle a mal dormi. La voyant souffrante, on fait venir le docteur CHAMAILLARD, et Alice ne peut qu’avouer avoir accouché dans la nuit, aux environs de 9 heures du soir. Tous montent dans sa chambre et trouvent dans son lit le corps d’une petite fille, dans des draps ensanglantés. D’après l’examen du docteur, le nouveau-né a une marque au cou… ce dernier aurait pu être étranglé à l’aide d’un cordon, retrouvé dans la chambre.

    Alice est transportée à l’hospice…

    La halle n’existe plus aujourd’hui

    Le jugement pour infanticide se tient trois mois plus tard, le 6 janvier 1908, à la cour d’assises du Cher.

    Alors que l’on s’attend à voir arriver une « pauvre » domestique, voici la description que le journaliste de la Dépêche du Cher nous en fait :

    « C’est une grande jeune fille brune, assez gentillette. Elle pleure et se passe constamment son mouchoir blanc sur les yeux. Elle est vêtue d’une jupe noire, d’une jaquette de la même couleur, et un boa noir lui entoure le cou et tombe sur sa poitrine. Elle est coiffée d’un chapeau gris à plumes blanches pointées de noir. En un mot Alice Linard n’a point du tout l’air d’une domestique. On dirait plutôt une demoiselle de magasin ou une couturière dans sa robe de tous les jours ».

    L’interrogatoire commence. On demande à Alice si elle a quitté son ancien emploi pour mauvaise conduite, ce qu’elle dément. On lui pose d’autres questions dans le but d’identifier le père de l’enfant, alors même qu’Alice est fiancée avec l’un de ses cousins habitant Châlon-sur-Saone. Mariage qui fut repoussé à novembre…

    On lui pose ensuite des questions sur la nuit de l’accouchement. Elle répond de manière évasive, dit ne pas s’être occupée de l’enfant après la naissance. Elle ne répond pas à l’accusation de l’avoir étranglé, mais nie s’être couchée dessus dans l’intention de la tuer.

    Ce qui choque le juge et les témoins, c’est qu’elle n’ait fait aucun préparatif pour l’arrivée de l’enfant après avoir vu le docteur MALFUSON. Elle répond avoir pensé disposer de plus de temps.

    Enfin vient le tour du docteur CHAMAILARD de témoigner. Il est formel, l’enfant était viable et est mort d’asphyxie. Mais il ne peut conclure avec certitude à l’étranglement. Est-ce ce doute qui a influencé le jury ?

    Le président demande de condamner Alice pour homicide par imprudence. Le substitut du procureur rajoute qu’Alice Linard s’est donnée par vice, alors qu’elle était fiancée à un brave garçon, son cousin. Le ministère public ne voit aucune excuse dans le crime commis. L’avocat d’Alice, Maître BEAU demande l’acquittement … le jury se retire puis donne son verdict : acquittement.

    Brouhaha dans la salle !

    Car ce que je ne vous ai pas dit, c’est que la séance précédeat le jugement d’Alice portait déjà sur un infanticide. Commis cette fois-ci par Clémentine RIVIERE, une prostituée. Et alors même que le médecin ayant réalisé l’autopsie du nouveau-né ne pouvait exclure un accident, cette dernière fut condamnée à trois ans de prison…

    En relisant le compte-rendu de la séance au tribunal concernant Alice, je me demande si de nos jours on n’aurait pas identifié un déni de grossesse. Que d’histoires tragiques à l’époque où la contraception n’existait pas. ..

    Journal du Cher - Retronews : 9 octobre 1907, 6 janvier 1908
    La Dépêche du Berry - Retronews : 6 janvier 1908 ; 8 janvier 1908
    L’Indépendant du Cher - Retronews : 9 janvier 1908

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    H… Héritage

    Le 4 mai 1859, Jean BEAUNEZ est fatigué. Il est assis sur son lit près de la cheminée, et Maître Louis COURSIER est arrivé. Il est accompagné de trois voisins cultivateurs : Louis BONNARD, Victor LERAT, Pierre SADON. Ambroise ROLLIN, éclusier à la Prée, les a également rejoint.

    En ce jour, Jean souhaite rédiger son testament.

    On y apprend qu’il est dans un état maladif, mais qu’il jouit du plein exercice de ses facultés intellectuelles. C’est le notaire lui-même qui précise que Jean est demeuré tout du long assis sur son lit à côté de la cheminée, dans sa chambre.

    Jean commence par rectifier des éléments des diverses liquidations avec ses épouses. De la liquidation suite au décès de sa première femme, une somme de 500 francs donnée par son oncle Gaspard MILLARY aurait été « omise » (ses enfants auraient donc reçu 50 francs de trop). Avec sa seconde épouse, une créance oubliée. Ce qui fausse bien entendu tous les calculs qui ont pu être faits à l’époque.

    Ces rectifications étant faites, il passe au détail de son testament. Cette déclaration est pour moi la plus importante : Jean souhaite que ses enfants qu’il « affectionne tous également » soient sur un pied d’égalité parfaite.

    Une décision très importante vient ensuite :

    Enfin, en vue de la mort, sentant ma fin prochaine, je nomme Louis Linard mon gendre, tuteur de mes enfants mineurs : Catherine Beaunez, Louis Beaunez et Théodore Beaunez. J’ai la confiance que mon gendre voudra bien accepter cette mission. S’il n’acceptait pas je désigne François Dussault leur oncle lequel est actuellement leur subrogé tuteur.

    Louis LINARD est l’époux de Rosalie, tous deux mes aïeux. Et Jean ne semble pas leur avoir parlé de ce projet avant le testament… A-t’il accepté ? Vous le saurez plus tard.

    Neuf jours après son testament, Jean se déplace (apparemment) chez le notaire pour le cahier des charges de la vente aux enchères de ses biens. Mais ça, je vous le raconterais plus tard également.

    Le 9 août a lieu le partage testamentaire, en présence de quatre témoins.

    Avec autant d’enfants, il n’est pas aisé de proposer quelque chose d’équitable ! Jean a réparti ses biens (sa maison et ses terres) entre ses enfants. Et pour que le tout soit juste, certains doivent payer une soulte à leurs frères et sœurs.

    Jean décèdera finalement 16 mois plus tard, le 11 décembre 1960 au Chêne d’Herry, à l’âge de 71 ans. Les témoins sur son acte de décès sont Cyprien, son fils, ainsi que Jean-Baptiste DUBOIS son gendre.

    Acte de décès - Herry - AD18 : 1853-1862 ; 3E 3706
    Minutes de Louis COURSIER - Étude d'Herry - AD18 : testament ; partage testamentaire, avril-août 1859 E/23766
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    G… Gaspard MILLARY, plus qu’un oncle ?

    Le personnage central de l’article du jour est Gaspard MILLARY, oncle maternel de Jean BEAUNEZ. Gaspard a vraisemblablement eu une place très importante dans la vie de son neveu.

    Gaspard est né vers 1745 dans le Morvan. En 1776, 12 ans avant la naissance de Jean, il est désigné parrain d’Angélique MECHIN, née à Saint-Bouize à plus de cent kilomètres du Morvan, à proximité du village d’Herry. On apprend qu’il y est domestique. Il est ensuite parrain de deux enfants à Herry, en 1784 et 1787. Il devait donc être bien intégré dans cette commune.

    Nous le retrouvons ensuite en 1809 pour le premier mariage de Jean BEAUNEZ avec Catherine BALLAND. Il y est témoin, alors âgé de 64 ans et manœuvre à Herry.

    J’imagine que la venue de Jean à Herry, si loin de son village d’origine, ne peut pas être un hasard, et Gaspard l’a sans doute incité à s’y installer.

    Gaspard sera ensuite témoin des naissances de Françoise et Jeanne BEAUNEZ.

    Il décède le 7 avril 1824 au Chêne d’Herry. On ne mentionne aucune épouse sur l’acte (mais les témoins n’ont pas non plus réussi à donner le nom de ses parents, ni même son âge exact).

    Je me suis souvent demandée si la relation entre Jean et Gaspard aurait pu être plus qu’une simple relation oncle / neveu… ce qui m’a été confirmé récemment, au détour d’un acte notarié.

    En 1859, Jean BEAUNEZ prépare sa succession. Pour répartir l’héritage plus facilement entre ses enfants, il cherche à vendre des biens. Le notaire précise alors dans le cahier des charges de la vente, pour chaque « immeuble », quelle est sa provenance. Pour les terres formant les sixième et septième lots on y apprend que Jean fut légataire universel de Gaspard MILLARY. Fait confirmé dans un acte de vente que j’ai retrouvé tout récemment, datant de 1849 et portant sur 30 ares de terres.

    Extrait du cahier de charges, Minutes de Louis COURSIER – Étude d’Herry – AD18 – 1859 E/23766

    On y apprend que Gaspard se rendit de l’autre côté de la Loire chez Maître CHARLET pour rédiger son testament le 29 juin 1820, à Pouilly-sur-Loire (Nièvre). Ce testament est sans doute ma seule chance d’en savoir plus sur la relation entre Gaspard et Jean BEAUNEZ ?

    Ni une ni deux, j’envoie une demande au fil d’Ariane, traitée très rapidement. Hélas ! Maître CHARLET n’est pas resté à Pouilly-sur-Loire… Il s’est ensuite installé à Saint-Saulges (toujours dans la Nièvre). Et si les minutes rédigées à Saint-Saulges ont bien été versées, aucune trace des minutes de son passage à Pouilly.

    Quelle déception… Savoir que cet acte a pourtant existé…

    Registre paroissial - Saint-Bouize - AD18 : 1761-1792 3E 1068
    Registre paroissial - Herry - AD18 : 1761-1794 3E 0950
    Acte de décès - Herry - AD18 : 1823-1842 3E 2278
    Minutes de Louis COURSIER - Étude d'Herry - AD18 : acte de vente, 27 octobre-31 décembre 1849 E/23735
    Minutes de Louis COURSIER - Étude d'Herry - AD18 : cahier de charges, avril-août 1859 E/23766
  • Challenge

    F… Fratrie

    Après avoir rencontré Jean et ses trois épouses, je vous propose de revenir aujourd’hui sur la vie d’une partie des dix-sept enfants de cette grande fratrie.

    • Les enfants du premier mariage de Jean avec Catherine BALLAND

    Dans cette fratrie nous retrouvons tout d’abord Françoise et Jeanne, nées à un an et demi d’écart.

    Françoise a épousé à vingt ans Étienne SAUTEREAU qui sera journalier et manoeuvre. Je leur ai trouvé sept enfants, dont les métiers varieront entre domestique, journalier, manoeuvre, ainsi qu’un vigneron. Françoise décède à l’âge de 53 ans au Chêne d’Herry.

    Jeanne a épousé à 21 ans Jean-Baptiste DUBOIS. J’avoue ne pas en savoir beaucoup plus, car je n’ai pas cherché ses enfants. Elle décède à l’âge de 63 ans à l’Usage d’Herry.

    La fratrie est ensuite décimée avec les décès en bas âge de Magdelaine (1 mois), Jean-Baptiste (5 ans), Pierre (4 ans) et Étienne (2 ans).

    Les deux frères suivants auront leur propre article un peu plus tard : Cyprien et Jacques.

    Le dernier fils est Jean. Ce dernier meurt à 30 ans après une courte vie de journalier. Il aura eu le temps d’épouser Marie PETIT quatre ans avant son décès ; il aura eu au moins deux enfants de ce mariage, dont une petite Rosalie qui ne vécut que 6 mois. Peut-être la filleule de ma Rosalie ? Sa femme Marie ne se remariera pas, et décèdera à 86 ans après 55 ans de veuvage !

    • Les filles du second mariage de Jean avec Jeanne DUSSAULT

    Deux sœurs sont nées de cette union.

    Marie Jeanne, qui a épousé Nicolas DUSSAULT, journalier, et avec lequel elle aura au moins neuf enfants. Elle décède à l’Usage d’Herry à l’âge de 66 ans.

    Jeanne « Louise » a épousé Antoine LEFAUX à l’âge de 18 ans. Je n’ai pas cherché ses enfants ; je sais qu’elle a vécu 70 ans avant de s’éteindre aux Réglins, hameau d’Herry.

    • Les enfants du dernier mariage de Jean avec Marie CANDRET

    François, qui es décédé jeune mais pour lequel je ne retrouve pas l’acte de décès.

    Rosalie, dont nous reparlerons par la suite.

    Catherine, décédée à 18 ans et qui n’aura donc d’autres héritiers que ses frères et soeurs.

    Constance, décédée à 9 ans.

    Et enfin Marie Louise et Théodore, dont nous reparlerons par la suite, car ils ont eu une relation particulière avec leur sœur Rosalie.

  • Challenge

    E… Elle laisse après son décès

    Nous n’en avons pas encore tout à fait terminé avec Marie CANDRET…

    Le lundi 3 janvier 1859, Maître COURSIER se rend chez Jean BEAUNEZ.  François DUSSAULT, le beau-frère de Marie qui était présent à la signature de son contrat de mariage, de son acte de mariage et de son acte de décès, est également venu depuis l’Usage d’Herry. A cette occasion on apprend qu’il est subrogé tuteur de ses neveu et nièces, suite à une délibération d’un conseil de famille du 26 décembre dernier. Jean reste le tuteur légal de ses enfants.

    Il vient sans doute s’assurer que l’inventaire après décès se déroulera dans de bonnes conditions et que les enfants ne seront pas lésés pour leur futur héritage.

    L’inventaire peut commencer ! Voici tout ce que nous trouvons…

    Petit aparté, j’ai rapidement comparé cet inventaire ave celui après le décès de Jeanne DUSSAULT. J’ai noté que dans celui-ci il n’y a plus beaucoup d’outils servant au travail de la vigne (il y avait des hottes à vendange précédemment), il n’y également plus de ruches et moins d’animaux. Peut-être que Jean vu son âge ne pouvait plus autant travailler ?

    Vient ensuite l’analyse des papiers et la liste des créances et des dettes. Voici un petit extrait de ce que doit payer la communauté :

    • Pour le sieur COQUERET, sabotier : 10 francs
    • Pour les frais de séquestre et de liturgie par la fabrique de Herry : 16 francs (la fabrique est une communauté paroissiale qui gère les fonds)
    • Pour le sieur BOÎTARD, menuisier : 37 francs
    • Pour le sieur RAFFESTIN, fossoyeur : 3,50 francs

    J’y retrouve une dette qui concerne l’un des enfants de Jean… mais je vous en parlerai plus tard ! Tout comme le fait qu’au même moment, Jean s’active pour trouver un époux à Rosalie…

    Minutes de Louis COURSIER - Étude d'Herry - AD18 : inventaire après décès, 1859 E/23765