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    L’ouche de Solange GADOIN

    Nous célébrons les deux cents ans de la naissance de Solange GADOIN, ancêtre de mon mari, née le jeudi 16 septembre 1824 au hameau de Ruelle situé à Aubinges dans le Cher. Son père François était alors manœuvre, il sera également vigneron. Sa mère Suzanne décède prématurément le 28 décembre 1842, alors que Solange n’était âgée que de 18 ans.

    L’union avec Jean Blin

    Le dimanche 13 février 1848, Solange épouse Jean Blin à Aubinges. Il ne dut pas y avoir de grande tablée pour fêter cette union : Jean n’ayant plus que sa mère, son père et tous ses frères et sœurs étant décédés ; Solange de son côté était accompagnée de son père, sa sœur Jeanne et son beau-frère Silvain MILLET. Elle ne connu jamais sa sœur aînée Françoise qui décéda peu après son première anniversaire.

    La branche de Jean BLIN était originaire d’Aubinges, Morogues et Humbligny ; celle de Solange est plus recentré sur Aubinges, avec une petite incursion à Montigny. Tous ces villages sont du même secteur.

    Arbre d’ascendance – communes de décès

    Le couple s’installera ensuite chez la mère de Jean. Pour en savoir plus sur leur vie, je vous invite à relire l’article rédigé sur Jean BLIN à l’occasion de l’anniversaire de sa naissance en 1822.

    Acquisition de l’ouche

    Nous retrouvons Solange accompagnée de Jean le 10 mai 1853, cinq ans après leur union. Leur couple a accueilli un fils, Silvain, neuf mois après le mariage ; ils ont ensuite malheureusement perdu leur second fils en février 1853.
    Notre couple se rend en l’étude de Maître Robert Pierre BRISSET aux Aix d’Angillon ; c’est ce notaire qui avait établi leur contrat de mariage. Cette rencontre est l’aboutissement d’une tractation menée avec les époux LAUGERAT, charcutiers au hameau de Ruelle.

    L’acte vient sceller l’échange de deux parcelles. Solange apporte une terre reçue en héritage, située aux Ramines, commune des Aix d’Angillon. En contrepartie elle acquiert une ouche située à Ruelle appartenant à Catherine GAUTHIER, femme LAUGERAT. Bien que l’ouche soit moitié plus petite, sa valeur est près de deux fois plus élevée, Solange doit donc payer la différence de valeur entre les deux terres. Comme souvent, l’acte mentionne les jouxtes, ce qui rend difficile la localisation exacte sur une carte.

    On attendra la récolte de la parcelle des Aix pour acter l’entrée en jouissance dans les lieux. Les époux LAUGERAT ont ajouté une condition supplémentaire : ils couperont les arbres présents dans l’ouche et viendront chercher le bois au plus tard le 25 décembre ; les fruits leur appartiendront jusqu’à ce que les arbres soient coupés.

    La prise de possession de cette ouche sera vraisemblablement conjointe à un déménagement, ou plutôt un retour aux sources pour Solange : la famille quitte en effet le village de Morogues pour venir s’installer à Ruelle, avant mars 1854 car leur fils Joseph naîtra à Aubinges. Je les imagine alors cultiver la nouvelle ouche située à proximité. Solange restera toute sa vie dans ce village avant de décéder le 6 juin 1890 à l’âge de 65 ans.

    Un étrange lien dans l’héritage de l’ouche

    Un détail intrigant dans cet échange réside dans l’origine de l’ouche. Catherine GAUTHIER, l’ancienne propriétaire, la tenait de l’héritage de Solange CLOUSSON qui fut également l’ancêtre de mon mari, mais dans une autre branche. Je n’ai pas trouvé de lien familial entre ces deux dernières ; il va me falloir poursuivre mes recherches pour trouver cet héritage, dont j’ai maintenant la référence grâce à cet échange !

    Solange GADOIN et Solange CLOUSSON (flèches oranges), toutes deux propriétaires de l’ouche de Ruelle ! Au centre la grand-mère maternelle de mon mari.
    Sources : 
    Etat-civil, Archives du cher : Aubinges - 1823-1832, 3E 1150 ; 1843-1852, 3E 2497 ; 1888-1902, 3E5380
    Archives notariales, archives du Cher : minutes de Me Robert Pierre BRISSET, étude des Aix d'Angillon, 1er semestre 1853 E/22440.
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    Naissance et vie de Jean BLIN

    Il y a 200 ans vint au monde Jean BLIN, le sosa n°40 de mon mari (son arrière-arrière-arrière-arrière-grand-père). Jean est le fils de François BLIN, un laboureur, cultivateur, et Marguerite CHANTEREAU qui fut fileuse. Son frère aîné Pierre, âgé de 13 ans, est également présent dans le foyer situé au Pézard, un hameau du village de Morogues. Pierre est le seul survivant d’une fratrie qui avait compté trois autres enfants morts en bas âge.

    Si Jean est né à une heure du soir, François ira déclarer la naissance le lendemain à onze heures.

    Une vue du hameau des Pezards de nos jours

    La vie de Jean est rythmée par les naissances, et malheureusement les décès qui jalonnent sa jeunesse. En 1841 Jean est âgé de 18 ans, ce qui sera une année funeste. Le 9 février son frère aîné Pierre décède, puis un mois plus tard le 10 mars c’est le tour de son père François. Il est le dernier homme à la maison, ce lui vaudra une exemption de service militaire l’année suivante.

    Jean exempté car fils aîné de veuve. Liste cantonale de tirage au sort – Arrondissement de Bourges – 1842 – 2R 33. Selon les actes, le nom est orthographié BLIN ou BLAIN

    Nouveau saut dans le temps. Le 30 janvier 1848 Jean se rend avec sa mère chez le notaire des Aix d’Angillon. Depuis le hameau des Berthelets où ils vivent maintenant, cela représente une dizaine de kilomètres. Ils y retrouvent Solange GADOIN, sa fiancée, et son père venus de Ruelle. Ils sont venus coucher sur papier le contrat que les deux familles ont imaginées pour leur futur mariage. Les deux futurs époux apportent ainsi l’un et l’autre leurs droits dans la succession à venir de leurs parents décédés. Et l’on y prévoit également les premières années de leur vie de couple. Sont présents, du côté du marié son oncle François CHANTEREAU qui vit au hameau de Pezard, à Morogues. Du côté de Solange : son oncle Jean-François GADOIN tisserand à Aubinges, et son beau-frère François MILLET, vigneron à Aubinges.

    Deux semaines plus tard nos protagonistes se retrouvent à dix-huit heures pour le mariage à Aubinges. Un autre oncle de Jean est présent, le frère de sa mère qui se prénomme Jean CHANTEREAU (même prénom, peut-être son parrain ?), qui est est journalier à Henrichemont. Les témoins de la mariée sont les mêmes que pour la signature du contrat de mariage.

    Jean se sera sans doute senti un peu seul en ce jour. De ses huit frères et sœurs, il n’en reste plus aucun en vie. Ses deux petites sœurs étant décédées deux ans auparavant, en 1846.

    Lignes de vie de la fratrie de Jean BLIN (cliquez pour agrandir)

    Le contrat de mariage nous apprend que dès le soir de la cérémonie, les jeunes mariés sont partis vivre chez la mère de Jean. On a créé une « société » à l’occasion, dans laquelle chacun possèdera un tiers. Marguerite CHANTEREAU y apportera l’ensemble de ses biens, et les époux la dot prévue.

    Dans la marge du contrat, il est indiqué que ladite société est dissoute en 1851. Marguerite n’avait pourtant nulle part ailleurs où aller, ses autres enfants étant tous décédés. Se pourrait-il que notre petit monde ne se soit pas entendu ?

    Entre 1853 et 1854, Jean et Solange quittent Morogues pour rejoindre Ruelle, le plus grand hameau du village d’Aubinges. Que tout le monde se rassure ! Lors du recensement de 1856, on apprend que Marguerite CHANTEREAU vit toujours avec son fils et sa brue, elle est même la chef du foyer. Deux petits-enfants, Jean Baptiste et Joseph, vivent avec eux, ainsi qu’un enfant de 8 mois en nourrice, Silvain THEME.

    Enfants de Jean BLIN et Solange GADOIN

    Après une vie où il aura été vigneron, cultivateur et propriétaire, Jean terminera ses jours dans le foyer de son fils Jean Ernest (également ancêtre de mon mari), à l’âge de 84 ans, au hameau de Ruelle.

    Jean était-il coquetier ?

    J’avais noté dans mon logiciel que Jean avait occupé la profession de coquetier. Mais en reprenant l’intégralité des actes le concernant ainsi que ses enfants : aucune trace du métier. Je ne pense pas avoir rêvé… mais peut-être simplement confondu avec son fils. Dans l’un des recensements sa brue est en effet notée coquetière. Le coquetier était un marchand ambulant qui récupérait des produits frais comme les œufs, les volailles ou le beurre dans les fermes pour les vendre au marché.

    Sources
    Etat-civil : Morogues, 1816-1822, 3E 1433. Aubinges, 1843-1852, 3E 2497 - 1903-1917, 3E 5846.
    Liste cantonale de tirage au sort : Arrondissement de Bourges, classe 1842, 2R 33.
    Contrat de mariage : Minutes de Me BRISSET, E/22431.
    Recensements : 1876, 6M 0084 - 1891, 6M 0099 - 1901, 6M 0130 -  1906, 6M 0158.
    Table des successions et absences des Aix d'Angillon : 1903-1925. 1Q 12208.