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Le mystère du testament de Gaspard MILLARY sera-t’il résolu ?
La mise en ligne de nouvelles sources par les archives départementales de la Nièvre me permet de mettre à jour une recherche dont j’ai parlé il y a 3 ans maintenant dans cet article. Cela concerne le testament de Gaspard MILLARY, qui légua tout ce qu’il possède à son neveu, mon aïeul, Jean BEAUNEZ. Tous deux quittèrent le village de Préporché dans le Morvan, pour traverser la Loire et s’établir à Herry. Si Jean aura trois femmes et dix-sept enfants, Gaspard terminera ses jours seul, mais dans le même hameau que son neveu.
J’ai toujours supposé que les liens entre Jean et Gaspard avaient dû être plus que ceux d’un oncle avec son neveu, étant la seule famille à proximité. Gaspard fut notamment témoin du premier mariage de Jean et de la naissance de plusieurs de ses enfants. J’appris dans les documents liés à la succession de Jean BEAUNEZ que ce dernier avait été légataire universel de Gaspard MILLARY. Et je me suis toujours demandé si en-dehors des aspects administratifs, ce testament aurait pu me permettre d’en savoir plus.
Malheureusement pour une raison tout à fait inconnue, Gaspard MILLARY décida que son testament serait dressé par Maître CHARLER à Pouilly-sur-Loire, de l’autre côté de la Loire. Ce dernier exerça à Pouilly plusieurs années puis quitta la ville pour reprendre une étude à Saint-Saulges, dans le même département de la Nièvre. Et si les minutes rédigées à Saint-Saulges furent versées, aucune trace des minutes de son passage à Pouilly. Quelle déception !
Des détails dans l’enregistrement
Qu’à cela ne tienne, j’ai pu explorer une nouvelle piste l’été dernier lors de ma visite aux archives du Cher : celle des registres de mutation après décès. S’il y a eu testament c’est que Gaspard avait des bien, et s’il y avait des biens il y a forcément eu enregistrement. Et c’est bien ce qu’il s’est produit ! Je savais d’avance que dans l’enregistrement il n’y a que des aspects administratifs, mais cela me permettrait au moins de confirmer la date du testament et le notaire (la date est d’ailleurs erronée). On y apprend donc que Gaspard laissa à son neveu :
- Un lit et des hardes, pour une valeur de 40 francs.
- Une étable au hameau du Chêne (5 francs de revenu), quatre ares de vigne (3 francs), et 60 ares de terres (14 francs de revenu), pour un capital de 440 francs.
La mise en ligne des répertoires de notaires
Une bonne nouvelle a parcouru les réseaux le 15 décembre 2023 : les répertoires de notaires ont été mis en ligne par les archives de la Nièvre. Peut-être la bonne occasion pour en savoir plus ? Le testament y est bien indiqué à la date du 29 juin 1820, et voici ce que le notaire a inscrit dans son registre :
Testament par Gaspard Miliary manœuvre demeurant à Chesne commune de Herry département du Cher au profit de . . . . . . . .
Il semble donc que Me CHARLET n’a non seulement pas versé les minutes, mais en plus ne remplissait pas très consciencieusement son répertoire.
Pensez-vous qu’il y ait d’autres pistes à explorer ?
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Les archives de l’asile de Bourges
Lors de ma visite aux archives départementales du Cher en octobre 2022, j’ai pour la première fois effectué des recherches dans les archives hospitalières, qui comprennent les archives des asiles.
A Bourges, les « aliénés » furent tout d’abord placés à l’hospice de St Fulgent, dans un bâtiment aujourd’hui réaffecté. En 1865 il fut décidé de construire un nouvel asile, car comme le précise un docteur, « les aliénés ont besoin de d’air et de pouvoir travailler ». Le site de Beauregard est choisi ; la construction débute en 1874 et les derniers pavillons sont édifiés en 1895.
Mais revenons à l’asile de St Fulgent pour mes recherches.
Les listes nominatives semestrielles – l’exemple de Jacques BEAUNEZ
Ces recherches dans les fonds de l’asile de Bourges, avaient avant tout pour but de chercher le dossier de Jacques BEAUNEZ, le frère de mon aïeule Rosalie BEAUNEZ, dont je savais qu’il avait été interné à l’asile St Fulgent (mention d’une facture dans un inventaire après décès) et qu’il y était décédé.
Malheureusement les dossiers individuels concernant la période où il s’y trouvait n’ont pas été conservés. J’ai par contre pu consulter les listes semestrielles, envoyées deux fois par an au préfet et qui donnaient quelques informations concernant les aliénés :
- Le nom et le prénom de l’aliéné
- Son numéro de matricule
- Son âge
- Son domicile
- Son placement : qui a donné l’ordre, à quelle date et quelle est la date d’entrée
- Des observations : ici des informations sur la dangerosité par exemple
- L’état mental : sorte de diagnostic très succinct
J’ai ainsi appris que Jacques BEAUNEZ a été interné à la demande du préfet en mars 1872 (malheureusement selon les listes les dates peuvent différer de quelques jours). Il souffrait de manie chronique, et selon le semestres était ou non dangereux. Ces informations sont moins fournies que celles des dossiers, mais elles m’ont permis d’en savoir plus sur ce dont il devait souffrir.
Les dossiers individuels – l’exemple de Jacques TOULLERON
Bien que n’ayant pas trouvé de dossier de Jacques BEAUNEZ, j’ai feuilleté quelques dossiers pour voir ce qu’ils pouvaient contenir, et j’en ai choisi un au hasard pour vous le présenter.
Le premier élément du dossier est le procès verbal d’arrestation dressé par la gendarmerie. « Arrestation de Mr TOULLERON Jacques, journalier atteint d’aliénation mentale en vertu d’un réquisitoire de Mr le maire de la commune de Nançay, pour le conduire au dépôt à Bourges. » Y sont détaillées les raisons de l’arrestation : une intrusion lors du Conseil Municipal et précédemment une altercation chez le curé du village, alors qu’il était armé d’une faux.
Vient ensuite un bulletin de renseignements fourni par le maire de Nançay. Quelques éléments intéressants pour un généalogiste, notamment sur son épouse et ses trois enfants âgés de 3 à 16 ans. On y apprend également que ses parents sont décédés, et que lui-même il est indigent. Quelle triste vie a dû vivre cette famille…
Vient ensuite le placement, décidé dans un arrêté du 27 mai, le lendemain de l’arrestation. On y apprend notamment que Jacques TOULLERON y sera placé aux frais de la commune. Le 28 mai, le médecin de l’hospice l’examine ; il diagnostique une manie chronique motivant un séjour à l’asile.
Deux courriers du maire de la commune de Nançay (l’un avant, et l’autre après son placement) justifient la demande qu’il a faite. Plusieurs villageois auraient été menacés de « périr par ses mains ». Même si jusqu’à ce jour il n’a fait de mal à personne, il vagabonde dans la commune avec un « instrument » en main. Voici la transcription du second et dernier courrier envoyé par le maire :
Par une note que vous avez écrite sur une lettre que j’ai eu l’honneur de vous adresser en date du 9 mars dernier, vous m’avez autorisé à prendre les mesures nécessaires pour prévenir tout accident dans le cas où la folie de Toulleron Jacques habitant de ma commune prendrait un caractère dangereux. J’ai cru ce moment arrivé, et j’ai requis M le Brigadier de Gendarmerie de Neuvy de l’arrêter et de le faire transporter au dépôt de Bourges ; voici ce qui m’a décidé à prendre ce parti :
Toulleron est doté d’une force remarquable et se refuse à toute espèce de travail, il parcourt les campagnes et se fait nourrir par les habitants du voisinage. Je suis porté à croire qu’il exploite un peu l’intérêt qu’il peut attacher à sa position, il n’est pas avéré pour moi qu’il soit tout à fait aussi insensé qu’il le paraît. Hier pendant la séance du Conseil de l’Hospice, qui a eu lieu à la suite de la séance du Conseil Municipal Toulleron s’est introduit dans la salle des délibérations et pour me débarrasser de ses importunités, j’ai été obligé de lire une lettre qu’il m’avait déjà souvent présentée. Je la lui ai rendue en lui disant que cette lettre de disait rien de nouveau sur l’affaire […]. Il est resté un instant derrière ma chaise puis allongeant le bras il s’est emparé des comptes de l’Hospice que le conseil était à même d’examiner, en disant que ces papiers lui appartenaient et que c’était son contrat de mariage. J’ai eu beaucoup de peine à lui reprendre ces papiers, et ce n’est que difficilement que nous l’avons expulsé de la salle des délibérations, malgré sa résistance.
J’ai pense que, à quelque point de vue que l’on se place, il était nécessaire de le faire arrêter et conduire à Bourges : s’il est réellement aliéné pour lui faire subir un traitement, et s’il ne l’est pas pour lui faire subir au moins quelques jours de présence.
De ce que j’ai pu voir, les dossiers individuels se terminent toujours de deux manières : soit un certificat de décès lorsque l’aliéné est décédé à l’asile, soit un certificat médical lorsque le médecin estimait qu’il pouvait rentrer chez lui.
Assez mystérieusement le dossier de Jacques TOULLERON contient les deux… Le 8 juin 1857, soit 10 jours seulement après son placement, le médecin rédige un certificat médical dans lequel il estime que Jacques est plus calme et est à présent en état de sortir de l’asile. Mais le même jour est dressé un bulletin de décès qui précise que Jacques TOULLERON s’est suicidé par strangulation… Étrange alors qu’il allait rentrer chez lui ?
Pour le département du Cher, les archives des asiles sont conservées en Série X : Assitance et prévoyance sociale / 1X – Administration hospitalière. J’ai également découvert en rédigeant cet article qu’un bénévole a pris en photo des dossiers individuels qui ont été mis en ligne sur Geneanet ! Le dossier de Jacques TOULLERON y est accessible et a été indexé.
Dossiers de placement de l'hospice de St Fulgent - 1853-1858 - 1X/384 - Archives du Cher. Listes semestrielles de l'hospice de St Fulgent - 1866-1875 - 1X/368 et 1876-1881 - 1X/369 - Archives du Cher. Département du Cher
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R… Rue Saint-Fulgent
Aujourd’hui, nous nous intéressons de nouveau à l’un des enfants de Jean BEAUNEZ, Jacques. Lorsque Rosalie nait en 1841, son demi-frère avait déjà déjà dix-neuf ans.
En 1856, on retrouve Jacques lors du recensement au hameau du Chêne à Herry. Il y vit avec toute sa famille; aucun commentaire le concernant. Deux an plus tard, le 6 septembre 1858, il est témoin du mariage de son frère Cyprien et de Rose DEBONDANT.
Le 3 janvier 1859 on dresse l’inventaire après décès de Marie CANDRET, mon aïeule et belle-mère de Jacques. Le notaire donne la valeur de tout ce qu’il y a dans la maison, mais note aussi toutes les dettes. Et j’ai découvert à cette occasion que Jean avait payé pour son fils Jacques des frais à l’hospice des aliénés de Bourges, pour un coût de 122 francs. Pour donner un ordre de grandeur, une génisse (vache qui n’a pas encore eu un veau) et deux porcs valaient 130 francs.
Les détails de son séjour à l’hospice des aliénés je ne les ai découverts que récemment lors d’une visite aux Archives du Cher qui détiennent les archives de l’asile de St Fulgent, qui fut remplacé à la fin du XIXème siècle par l’asile de Beauregard.
Jacques a vraisemblablement fait au moins deux séjours à l’hospice de St Fulgent, puisque dans les listes nominatives fournies tous les semestres à la préfecture il est indiqué que le préfet du Cher a ordonné son placement le 5 mars 1872 et qu’il y est entré le 11 avril 1872 avec le matricule 1388. Il souffre de « manie chronique » et selon les périodes est noté inoffensif ou dangereux. Le terme de manie chronique n’est plus utilisé aujourd’hui, sans doute une forme d’agitation ou plutôt de bipolarité. C’est en tout cas différent de l’épilepsie, de la démence ou de l’imbécilité.
Les dossiers individuels n’ont malheureusement pas été conservés pour cette période, ce qui aurait permis d’en savoir plus sur les conditions de son placement et sur son décès.
Jacques décède le 3 février 1879 à l’asile de Bourges, à une heure du matin. Il était alors âgé de 57 ans. Ce sont deux gardiens de l’asile qui vont déclarer le décès.
Article mis à jour le 14 décembre 2022
Acte de naissance - Herry - AD18 : 1813-1822, 3E 2005 Acte de mariage - Herry - AD18 : 1853-1862, 3E 3705 Acte de décès - Bourges - AD18 : 1879, 3E 4654 Inventaire après décès - Herry - AD18 : minutes de Louis COURSIER, E/23765 Recensement - Herry - AD18 : 1856, 27J 0082 Listes nominatives de l'asile Saint Fulgent - AD18 - 1X/368
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Rosalie BEAUNEZ
Rosalie BEAUNEZ descend de l’une des rares branches de mon arbre qui ne soit pas orginaire du Sancerrois ! En effet son père Jean était originaire du Morvan, et a migré en compagnie de son oncle jusqu’à Herry.
Nous ne retrouvons pas Rosalie à Herry mais au village voisin de Feux, au hameau de Bel Air. Lors du recensement, elle est âgée de 32 ans et vit avec son second mari Louis PERROY, journalier de 37 ans.
De nombreux enfants complètent le foyer. Tout d’abord ceux de Rosalie et Louis PERROY : François, Théodule, Jean et Célestine âgés de 7 à 1 ans.
Le dernier enfant est Baptiste LINARD, 10 ans, issu du premier mariage de Rosalie. Mon ancêtre est le premier mari de Rosalie, Louis LINARD. Ils se sont mariés en 1864, elle était alors âgée de 17 ans et lui 24. Il décède seulement 5 ans plus tard, le temps d’avoir deux enfants, Louis et Baptiste.
Louis (fils), également mon aïeul, n’est pas présent dans ce foyer ; je pense avoir retrouvé sa trace dans les recensements mais il faudra patienter encore un peu…
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Jean BEAUNEZ le voyageur en cent mots
Un défi un peu plus compliqué cette fois, à savoir conter la vie d’un ancêtre … en cent mots. Pour ma participation à ce nouveau challenge de Sophie Boudarel, j’ai choisi Jean BEAUNEZ mon premier ancêtre morvandiau.Jean BEAUNEZ voit le jour en 1789 dans le Morvan, un lieu vallonné et de bocage. Il grandit dans une fratrie de huit frères et sœurs. Personne ne saura jamais quelle mouche les a piqués, mais il est parti avec son oncle Gaspard s’installer à plus de cent kilomètres de là.
Il se mariera trois fois à Herry, dans le Berry, et de ces unions naîtrons douze enfants. Pour son dernier mariage, il est âgé de quarante neuf ans, et son épouse est de trente ans sa cadette. Il vivra ses derniers jours comme manœuvre au Chêne, dans la plaine.