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    L’élection et le discours de Jean-Baptiste BEDU, maire de Morogues

    Le 23 juin 1847, Jean-Baptiste BEDU se trouve en la mairie de Morogues. Il a remplacé au pied levé le maire Pierre ANDRE pour dresser en tant qu’adjoint un acte de naissance. Ce matin un peu avant 9 heures, il a quitté son « cabaret », une sorte de taverne, laissant sa femme Marie Thérèse LOISEAU avec leurs trois enfants Victoire, Pierre et Euphrasie, âgés de 16 à 4 ans. Il a en face de lui Joseph MARCHAND, un journalier du village, qui vient déclarer la naissance de sa fille qu’il prénommera Sévère Jeanne.

    Le maire élu depuis six mois doit être souffrant car Jean-Baptiste signera beaucoup d’actes en 1847 jusqu’à ce jour du 3 novembre. La veille au soir à 23 heures, Pierre ANDRE propriétaire et maire du village est décédé à l’âge de 52 ans. Jean-Baptiste continuera de signer les actes en tant qu’adjoint, avant de signer comme maire de la commune à partir de la mi-décembre 1847.

    Une activité intense début 1848

    L’histoire de France va rejoindre celle de Jean-Baptiste, tout nouveau maire de Morogues. En effet début 1848, une nouvelle révolution éclate, conduisant le 24 février le roi Louis-Philippe à dissoudre l’Assemblée et abdiquer. Lamartine forme un gouvernement provisoire, puis proclame la IIème république le 25 février.

    Depuis plusieurs semaines, de nombreux banquets républicains s’étaient tenus, c’est d’ailleurs l’interdiction d’un banquet le 22 février 1848 à Paris qui mit le feu aux poudres.

    Et bien Morogues eut aussi son banquet républicain le 19 mars. Un cortège d’hommes triés sur le volet (conseillers municipaux, propriétaires de la communes et quelques invités) s’élance derrière le drapeau, au son des cloches et des tambours. On chante la Marseillaise et on crie « Vive la République ! » Ce cortège fera trois arrêts où Jean-Baptiste BEDU prononcera un discours. Tout cela nous est parvenu grâce à la presse ancienne. Je vous retranscrit l’extrait concernant Jean-Baptiste :

    Trois stations ont eu lieu : à chacune d’entre elles notre honorable maire, le citoyen J.B. Bedu, dont tout le monde connait depuis longtemps les idées libérales et patriotiques, a prononcé la proclamation suivante :

     » Citoyens, Louis-Philippe, ayant violé le contrat qui l’attachait à la nation, vient d’être détrôné par la volonté du Peuple. La France, notre pays, s’est constitué en République. Imitons nos frères de Paris, proclamons aussi la République, et rallions-nous franchement autour de ce drapeau que nous promenons ; c’est l’étendard de la liberté, de l’union, de la force. Un bon gouvernement républicain donne du pain et de l’ouvrage aux travailleurs et maintient la paix pour longtemps. Soyons unis, citoyens ! Plus de haine, plus de division entre nous ! Soyons d’accord, nous serons bien gouvernés : Vive la République !

    Le Journal du Cher – 30 mars 1848

    Par la suite, le journal du Cher nous rapporte qu’un comité républicain s’est formé à Morogues. Jean-Baptiste BEDU en est le président. Son adjoint DUPUIS en est le vice-président. On y retrouve le curé et l’instituteur du village ainsi que des propriétaires de la commune.

    Journal du Cher – 8 avril 1848

    Le dimanche 2 avril, un nouvel Arbre de la Liberté est planté à Morogues. Il a été béni par Mr le curé qui fit au pied une allocution « pleine de sentiments patriotiques et terminée par ces mots : Vive la République ! » S’il ne fit pas de discours à cette occasion, Jean-Baptiste est présent : « Assistait à cette bénédiction notre honorable maire revêtu de son écharpe ».

    Le Journal du Cher – 15 avril 1848

    L’élection de 1848

    Quelques semaines après ces événements s’est tenue une nouvelle élection municipale. L’occasion de sortir de ma zone de confort et d’explorer de nouvelles ressources aux archives.

    Une première pochette pour le canton, une seconde par commune et me voici tenant en main deux procès-verbaux : celui de l’élection et celui de l’installation du maire et de l’adjoint. Voici donc ce qui s’est passé :

    Le 30 juillet 1848, Jean-Baptiste BEDU se rend dans la maison commune de Morogues. Il est environ 7 heures et il vérifie que tout est prêt : la liste des électeurs de la commune sur un bureau, devant celui-ci une table pour que siègent le président (lui-même), les scrutateurs et le secrétaire (Pierre DUPUIS, un proche de Jean-Baptiste).

    Les électeurs sont ensuite arrivés au fur et à mesure. Vers 7h30, estimant qu’ils étaient assez nombreux, la séance fut ouverte. Les scrutateurs furent appelés : on nomme les deux plus âgés et les deux plus jeunes électeurs présents, sachant lire et écrire.

    • JOSSANT Étienne né le 8 avril 1779
    • CHARLOT Jean Ursin né le 9 novembre 1794
    • JOSSANT Jean né le 10 janvier 1806
    • LEDUC Pierre né le 15 octobre 1818

    Le scrutin fut ouvert durant 3 heures durant lesquelles les électeurs sont venus y écrire leur vote, devant ainsi désigner douze conseillers municipaux. A 10h30, était donc venu le moment du dépouillement. L’un des scrutateurs prend les bulletins et Jean-Baptiste en fait lecture à haute voix. Ce sont 280 votants qui se sont déplacés, aucun vote blanc n’a été recensé. C’est lui qui obtiendra le plus de suffrages : 235 sur 280.

    Le travail n’est pas terminé, car il faut vérifier la validité du vote et l’examen des candidats. Il est maintenant 10 heures du soir, et l’heure de signer !

    Élections municipales du 30 juillet 1848 – Arrondissement de Bourges > Les Aix d’Angilon > Commune de Morogues – 27M/64 – Archives du Cher

    Le 17 août suivant eu lieu l’installation du maire et de l’adjoint. Sur les douze conseillers municipaux, sont élus à l’unanimité par un vote à bulletin secret Jean-Baptiste BEDU pour les fonctions de maire et Pierre DUPUIS comme adjoint. L’analyse des signatures sur le procès-verbal et d’anciens actes d’état-civil me confirme que Pierre DUPUIS était l’ancien maire de la commune, avant l’élection de Pierre ANDRE.

    Jean-Baptiste BEDU restera maire jusqu’à la fin 1870. Un an plus tôt, sa femme Marie Thérèse LOISEAU décède. C’est un conseiller municipal qui dressera l’acte de décès, le maire étant « empêché » et l’adjoint étant décédé.

    Jean-Baptiste BEDU est l’aïeul de mon mari, de par sa fille Euphrasie
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    R… Remariage

    Solange Joséphine BLONDEAU* est née le 29 mai 1809 à Villegenon. Elle épouse Sylvain BEDU* en en 1831, puis en secondes noces Agnan FONTAINE à Dampierre-en-crot en 1851. Lui-même était veuf de Marie PIERRE .

    De sa première union, Solange Joséphine BLONDEAU donna naissance à Solange Joséphine* et Marie Constance BEDU ; cette dernière est décédée à l’âge de 28 ans. Du mariage avec Agnan FONTAINE, je ne retrouve qu’un enfant, Marie décédée à quelques mois.

    En 1872, notre couple vit au hameau de la Sansonnerie à Ivoy-le-Pré. Agnan est âgé de 59 ans et est laboureur.

    Nous retrouvons Solange Joséphine BEDU, qui est à la fois belle-fille et belle-soeur d’Agnan ! Elle a en effet épousé son frère Antoine Barnabé, décédé en 1871. Lors de leur mariage elle était âgé de 24 ans et lui … de 47.

    En 1872 elle vit donc avec sa mère et son beau-frère ainsi que ses enfants, Louis Paulin âgé de 15 ans, et Ernestine Joséphine âgée de 9 mois.

    Nous retrouvons également Auguste Agnan FONTAINE, âgé de 26 ans, fils de la première union d’Agnan FONTAINE.

    Et pour compléter la maisonnée, pas moins de six domestiques :

    • Frédéric RAFFAITIN, 31 ans
    • Gilbert AUGER, 28 ans
    • Joseph TITON, 22 ans
    • Céline BOURBON, 18 ans
    • Célestine BRULEE, 16 ans
    • Auguste PIECOU, 16 ans

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    I comme … il était aussi maire

    Revenons aujourd’hui à la vie de Jean Baptiste BEDU. Pour rappel, cet ancêtre de mon mari était cabaretier à Morogues, et je vous avais proposé la chronologie des métiers qu’il a exercé.

    Je me rends compte qu’à part visiter son cabaret, je ne vous en ai pas tellement dit plus de son histoire. Je vous propose de le retrouver en 1849…

    Jean Baptiste a près de cinquante ans et habite dans le bourg de Morogues. Il s’est marié il y a près de vingt ans avec Marie-Thérèse LOIZEAU de neuf ans sa cadette. Son foyer comprend Victorine alors âgée de dix-huit ans, Pierre, quinze ans et Euphrasie la petite dernière, âgée de sept ans. En 1836, un petit François est né mais est décédé à l’âge de neuf mois ; cette année-là la mortalité infantile fut particulièrement importante à Morogues.

    bedu

    Composition du foyer de Jean Baptiste BEDU et Marie Thérèse LOIZEAU lors du recensement de 1851 – 27J0062

    L’année 1849 est surtout celle de son premier mandat en tant que maire. Difficile de savoir s’il a poursuivit son activité de cabaretier, car dans les registres il n’est plus noté que propriétaire, vigneron ou rentier. Un autre indice qui me fait penser qu’il a fermé son cabaret est le métier de son fils lors de son mariage, qui sera cultivateur.

    Jean Baptiste sera l’Officier d’État Civil de sa commune durant vingt-et-un ans. Comme vous pouvez l’imaginer, ce fut un ancêtre qui savait particulièrement bien lire, écrire et compter.

    maire

    Extrait du registre des naissances de la commune de Morogues – Archives du Cher, 3E 2714

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    B comme … BEDU Jean Baptiste, cabaretier

    Aujourd’hui, nous changeons d’arbre pour rejoindre celui de mon mari ; nous nous déplaçons de quelques dizaines de kilomètres pour nous rendre à Morogues, toujours dans le Berry,  au sud-ouest de Sancerre.

    C’est dans ce village que nous retrouvons Jean-Baptiste BEDU, né le 26 brumaire de l’an VIII, de Silvain BEDU et Solange CLOUSSON.

    L’arbre de mon mari comporte de nombreux métiers originaux, et Jean-Baptiste ainsi que son père ne dérogent pas à la règle : ils sont tous deux cabaretiers !

    Le cabaretier vendait du vin accompagné d’un repas ; un établissement d’un niveau en-dessous de l’auberge. Bien que Morogues ne soit pas une grande ville, elle comprenait plusieurs cabaretiers.

    Glissons-nous maintenant dans le cabaret de Jean-Baptiste…

    Ce devait sans doute être une toute petite pièce (cabaret a la même origine que le mot chambre), avec des barriques ou bouteilles de vin entassées au fond, un bar et quelques tables. Ici pas de jolie nappe ou de belle vaisselle.  C’est un lieu où l’on vient pour l’ivresse, et qui devait s’animer les jours de marché et de foire. Il est probable que Jean-Baptiste possédait lui-même quelques ares de vignes et produisait son vin. Cette activité de cabaretier servait alors à vendre tout ou partie de sa récolte.

    Morogues place chps foire

    Place du champs de foire à Morogues – peut-être est-ce un cabaret, au fond de la place ?     Un endroit stratégique pour faire de bonnes affaires les jours de Foire.

    La profession de Jean Baptiste n’a pas toujours été cabaretier. Si c’est bien ce métier qui est indiqué pour son mariage, sur divers actes entre 1834 et 1836, il est aubergiste. Sur un acte il est même vigneron, ce qui semble confirmer qu’il vendait le vin sa production.  A la fin de sa vie,  il est propriétaire puis rentier.

    Professions bedu

    Professions de Jean-Baptiste BEDU indiquées dans les archives

    Si mon article se termine ici, je n’ai pas fini de vous conter la vie de Jean-Baptiste BEDU, car il n’était pas que cabaretier… rendez-vous à la lettre I.

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