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Les sorciers du Carroi de Marlou – un procès de sorcellerie en Berry.
Dans l’Berry on n’a pas de pétrole, mais on a des sorciers.
Tout le monde ne le sait pas, mais le Berry est une terre de sorciers, birettes et autres meneurs de loups. Le musée de la sorcellerie situé à Concressault fut d’ailleurs l’un des lieux les plus visités du département du Cher. Il a malheureusement fermé en 2017, et sa collection a été éparpillée entre la France et l’Espagne.
Concernant la sorcellerie, une affaire en particulier est célèbre dans le Sancerrois, celle du « Carroi de Marlou » (carrefour des mauvais loups), situé au-dessus du village de Bué. Les pièces des procès en sorcellerie n’ont pas toujours été conservées, mais ce fut le cas pour cette affaire ; elles ont été publiés en 1998. Le dossier reproduit les dépositions, interrogatoires, confrontations, témoignages sur les possessions ou encore le sabbat…
L’affaire du carroir de Marloup
Je ne vais pas reprendre ici toute l’histoire évoquée dans le procès, mais la description de quelques protagonistes et des principaux faits.
Celui par qui l’affaire arrive à partir de l’automne 1582 est Bernard GIRAULT (homonyme de mon beau-père). Un sorcier, Jehan TABOURDET, l’aurait possédé en faisant venir à lui par l’intermédiaire de son cousin, une petite bête noire (une sorte de taupe sans pied ni poils et de la grosseur d’un sabot) qui lui demande de renoncer à Dieu. Différentes séances d’exorcisme auront lieu, puis un procès à partir du 21 décembre. Celui-ci s’appuiera sur les dires du jeune homme, de voisins des prétendus sorciers et des dépositions des accusés. Pas moins de cent soixante personnes seront citées ou interviendront directement dans le procès. Le tout sur fond d’ensorcellement d’enfants ou d’animaux, de maladies.
Revenons un peu à nos sorciers.
Jehan TABOURDET, dit des Berthilles aurait rencontré le diable à de multiples reprises et assisté au sabbat. Un soir en revenant de Neuilly en Sancerre, au Bec d’Assiette, il rencontre un homme habillé de noir qui le tente ; ce n’est autre que le diable. Cinq ans plus tard celui-ci revient frapper à sa porte, et l’emmène au Carroi de Marloup où se tient le sabbat avec cinq ou six personnes, mais il n’y prendra pas part. Il rencontrera ensuite à de multiples reprises le diable et ira au moins une fois par an au sabbat.
Un autre protagoniste est CAHOUET, connu comme sorcier et meneur de loup. Un certain Louys FROU racontera qu’après avoir refusé de rester souper chez lui, il fut contraint d’y retourner à cause de mille loups lui barrant la route. Durant le procès il niera tout ce qui lui est reproché.
Le diable apparaît sous différentes formes : souvent sous forme d’un cavalier noir, ou bien un chat noir, un cheval noir. Le fameux sabbat y est décrit : on danse à l’envers, il y a des chandelles noires, on adore le derrière du diable sous la forme d’un homme en noir. Il s’y passe des choses non racontables ici entre sorciers et sorcières, voire avec le diable. Souvent à la fin, le diable donne des poudres aux participants, qui auraient la particularité de faire mourir.
Extrait de l’interrogatoire de Joachim GIRAULT, dit le bossu de la Brosse
[…] Fut lors porté au sabat au carroy de Marlou où il adora le diable en forme d’homme noir, luy baisa le derrière comme les autres qui y estroient, dansa avec eulx, et apres la danse le diable leur maistre, qui se disoict avoir nom Chevau, eut accointance charnelle avec la femme de François Macé de Chavernolet, et chascung d’eulx après lui […]
A l’issue du procès, cinq hommes seront pendus et étranglés puis leur cadavre brûlé. Une sorcière présumée est retrouvée pendue en prison, son corps sera brûlé. Exécuté au carroi de marloup, TABOURDET se rétractera.
Sur l’ouvrage
Il ne se contente pas de retranscrire les pièces du procès. Chronologie, cartes, lexiques, liste des noms de personnes et des lieux qui permettent de s’y retrouver plus facilement au milieu de tous ces personnages. A la suite du texte, se trouvent différents études sur l’histoire locale, le procès, les stratégies de l’accusation ou encore les sorciers d’hier et d’aujourd’hui.
Les sorciers du Carroi de Marlou. Un procès de sorcellerie en Berry, 1582-1583. Nicole Jacques-Chaquin et Maxime Préaud. Editeur : Jérôme Millon, novembre 1998. Collection Atopia. 511 pages.
Cet article publié le 31 octobre 2013 a été mis à jour en 2024
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M comme mendiant
J’ai déjà parlé d’une ancêtre dont la profession était mendiante : Jeanne CHAMPION, qui a mis au monde Jacques CHAMPION, né de père inconnu. L’article est ici.
Et bien j’en ai découvert un autre plus récemment. Il s’agit de Charles VIMON, indiqué comme mendiant sur son acte de décès. Et pourtant : lors de son mariage et de la naissance de ses enfants il est vigneron. En 1780 lors du décès de sa femme, il est toujours vigneron à Bué. Son acte de décès date de 1783, soit 3 ans plus tard, où il est désigné comme mendiant … et à Pierrefitte-ès-bois, à plus de 30 kilomètres.
Lors des actes concernant ses enfants postérieurs à son décès, Charles VIMON est toujours considéré comme vigneron.Bref, un petit mystère.