W…Water, l’acte inattendu lié au canal
Water comme l’eau qui coule à Herry. C’est un acte curieux que j’ai découvert en dépouillant une liasse de minutes du notaire d’Herry : un acte d’engagement. Il faut tout d’abord que je replace cet acte dans le contexte de l’histoire locale.
A Herry passe aujourd’hui le canal latéral à la Loire. Il a été construit afin d’éviter d’emprunter la Loire pour le transport de marchandises, un fleuve parfois capricieux et avec des débit faibles en été. C’est Napoléon 1er qui décida de la construction du canal en 1806 ; la construction débutera en 1827 et s’achèvera en 1838.
Et ce canal se situe à moins de 500 mètres du hameau du Chêne.
Le 9 avril 1838, une drôle de délégation constituée d’habitants d’Herry arrive chez Maître COURSIER :
- Jean DARON, père, manœuvre demeurant aux Petites maisons ;
- Louis HARDOIN, laboureur, demeurant à la Sarrée ;
- Etienne CHAUVEAU, manœuvre, demeurant au Monteau ;
- Antoine VISSET, journalier, demeurant à l’Usage ;
- Paul CHERRIER, journalier, demeurant à l’Usage;
- Etienne GIGOT, manœuvre, demeurant à Beauregard ;
- Léon LUTIGNIER, manœuvre, demeurant au Soucy ;
- Jaques BOUET, manœuvre, demeurant aux Courrées ;
- Pierre CHIRON, manœuvre, demeurant à Champalay ;
- Etienne DEBRET, charron, demeurant à Champallay ;
- Jean BEAUNEZ, jardinier, demeurant au village d’Enchesne.
Quel est le point commun entre tous ces hommes qui vivent dans des hameaux différents ?
Voici la suite de l’acte :
« Lesquels ont dit qu’il importe à la commune d’aliéner la portion de chemins devenus inutiles par suite de l’ouverture du canal latéral à la Loire vers quelques parcelles de ses communaux pour le moins qu’ils avaient directement formé leur demandes devant le maire de la commune […]
Je ne comprends pas tout à fait si nos onze hommes veulent racheter les chemins ou les communaux en eux-même, mais une chose est certaine ils sont sur les rangs !
Tous s’engagent à payer comptant où avec avec intérêt légal.
Certains demandent des surfaces importantes comme Jean DARON et Louis HARDOIN qui demandent 10 ares et demie pour 150 francs. Jean fera une demande beaucoup plus modeste un « petit morceau » sur l’Usage, pour 2 francs.
Un acte dont je n’aurai absolument pas imaginé l’existence ; n’oubliez pas de toujours éplucher chaque minute d’une liasse !
Engagement - Minutes de Jean-Baptiste COURSIER notaire à Herry - AD18 : 1838 ; E/23722.
4 commentaires
Sirius
Mon opinion est que, lors de la construction du canal et comme on l’a fait pour les voies ferrées ou routes départementales au 19ème Siècle, une nouvelle voirie d’accès a été créée pour desservir des parcelles dont l’accès a été supprimé par le nouvel ouvrage. Il reste alors des « moignons » qui ne mènent nulle part et sont en principe revendus aux riverains. De telles procédures sont répertoriées aux AD 18 pour les chemins de fer dans le Sancerrois.
Elodie
Chemin de fer, voie fluviale c’est en effet le même principe !
Cedeca
Très intéressante trouvaille, la récompense de la farfouilleuse est de devenir dénicheuse.
Et l’illustration playmo est particulièrement bien réussie.
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